La mort d'Hugo Chavez, mardi, a provoqué de vives réactions dans l'univers politique aux États-Unis, où le président vénézuélien ne laissait personne indifférent.

Pour Jaime A. Regalado, analyste politique et professeur de sciences politiques à la California State University, à Los Angeles, la mort du président vénézuélien marque un moment-clé dans l'histoire des relations entre les deux pays.

«J'étais l'un des seuls aux États-Unis qui aimaient Chavez, dit-il en entrevue avec La Presse. Je crois que les réformes qu'il a mises de l'avant ont été bénéfiques pour les pauvres, dont personne ne s'occupait avant lui.»

Le départ du président pourrait donner un nouveau souffle aux forces de l'opposition au Venezuela, dit-il. «La question est de voir si l'opposion est assez structurée pour remplir le trou laissé par Chavez.»

Après l'annonce de la mort d'Hugo Chavez, mardi soir, la Maison-Blanche y est allée d'une déclaration très diplomatique, réaffirmant le droit des Vénézuéliens à établir «une relation constructive» avec les États-Unis, principaux partenaires économiques du pays.

«Alors que les Vénézuéliens entreprennent un nouveau chapitre de leur histoire, les États-Unis continuent d'appuyer les politiques qui mettent de l'avant les principes démocratiques, l'État de droit et le respect des droits de la personne», peut-on y lire.

Au Congrès, les réactions ont été plus vives. «Hugo Chavez était un tyran qui forçait les Vénézuéliens à vivre dans la peur, a écrit le représentant républicain Ed Royce, président du Comité des affaires étrangères de la Chambre des représentants. Sa mort affaiblit l'alliance des dirigeants antiaméricains en Amérique du Sud. Bon débarras.»

À Washington, le sénateur Robert Menendez, président du Comité des affaires étrangères du Sénat, a noté que Chavez avait utilisé «une main de fer» pour diriger le Venezuela.

«Son trépas laisse un vide politique, et nous souhaitons qu'il soit rempli de façon pacifique et démocratique. En tenant des élections libres et équitables, le Venezuela peut rebâtir sa démocratie, jadis forte, et faire en sorte que les droits de la personne et les droits politiques du peuple soient respectés.»

L'ex-président américain Jimmy Carter a noté que la présidence de Chavez, qui a duré 14 ans, a permis au pays de faire des avancées pour combattre la pauvreté et donner aux moins nantis une place à la table.

«Par la même occasion, nous reconnaissons que ces réformes ont créé des divisions, et que le pays a maintenant besoin de guérir», a-t-il noté.

Relation positive

Parallèlement, un haut responsable américain a confié hier à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que Washington espère de meilleures relations avec Caracas après l'élection présidentielle au Venezuela, mais que cela pourrait prendre du temps.

«Nous savons tous que les campagnes électorales ne sont pas propices à l'élaboration de nouvelles politiques, mais nous continuerons à désirer cette relation positive, tout en reconnaissant que cela pourrait prendre un peu de temps avant qu'un gouvernement vénézuélien issu des élections soit prêt à avoir cette discussion», a dit le responsable.

Les États-Unis ont prévu d'envoyer une délégation aux obsèques du président vénézuélien, demain, a ajouté cette source, sans donner plus de précision.