L'opposition républicaine au choix de l'ambassadrice des États-Unis aux Nations unies, Susan Rice, comme prochaine secrétaire d'État a commencé à se fissurer, dimanche, lorsque le sénateur John McCain a déclaré que ce n'était pas elle qui posait problème dans la manière dont la Maison-Blanche avait géré l'attaque du 11 septembre en Libye et a laissé entendre qu'on pourrait le persuader d'appuyer sa possible nomination.

Les commentaires de M. McCain offrent une ouverture pour l'administration Obama, qui a essayé, dans les semaines ayant mené à l'élection présidentielle du 6 novembre, de faire taire les rumeurs voulant qu'elle avait tenté de camoufler certains aspects de l'attaque contre le consulat américain à Benghazi. Quatre Américains ont été tués durant l'assaut, y compris l'ambassadeur américain en Libye.

Au coeur de la controverse se trouve la déclaration de Mme Rice selon laquelle ces actes de violence étaient le résultat spontané d'une foule mise en colère par un film anti-musulman tourné aux États-Unis et diffusé sur YouTube. Mme Rice dit s'être fiée à des informations fournies par des services de renseignement, informations qui ont plus tard été discréditées.

Aux dires du sénateur McCain, Susan Rice a le droit d'avoir la possibilité de s'expliquer. Sur les ondes de Fox News, le politicien républicain a estimé que l'ambassadrice n'était pas le problème et que c'était plutôt le président des États-Unis qui était fautif dans cette affaire.

Les remarques de John McCain contrastent avec ses précédentes déclarations selon lesquelles Mme Rice n'était pas qualifiée pour remplacer Hillary Clinton, qui doit démissionner de son poste de chef de la diplomatie américaine, et qu'il ferait «tout ce qui est nécessaire» pour bloquer sa nomination.

Susan Rice est largement considérée comme le premier choix du président Barack Obama pour le poste de secrétaire d'État. En tant que républicain le plus haut placé au sein du comité sénatorial sur les forces armées, M. McCain aurait passablement d'influence sur l'examen de la candidature de Mme Rice.

Un haut conseiller républicain au Sénat a révélé dimanche sous le couvert de l'anonymat que les membres du parti ne s'étaient pas unis contre l'ambassadrice et n'étaient pas convaincus qu'il valait la peine de lancer une vendetta contre elle.

Des responsables des services de renseignement ont déjà dit avoir immédiatement su que l'incident du 11 septembre constituait une attaque terroriste et soupçonné que la branche locale d'Al-Qaïda était impliquée. Cependant, ils ont aussi cru au début que l'assaut pouvait être né d'une manifestation contre le film islamophobe.

Des informations non protégées fournies à Mme Rice et à d'autres responsables gouvernementaux dans les jours ayant suivi l'incident ne faisaient pas référence aux terroristes et à Al-Qaïda parce que, selon des dirigeants des services de renseignement, les preuves étaient minces et pouvaient avoir un impact sur l'investigation concernant l'attaque. Le gouvernement américain ne voulait pas non plus nuire à une enquête criminelle.

Mme Rice dit avoir utilisé ces informations lors d'entrevues accordées le 16 septembre pour défendre la protection gouvernementale des diplomates à l'étranger, affirmant que des «groupes d'extrémistes» avaient «pris le contrôle» des manifestations contre le film. D'après les dirigeants, ce n'est qu'après les déclarations de Susan Rice que les services de renseignement ont modifié leur analyse de l'attaque pour préciser que celle-ci n'avait pas été spontanée ou liée à une manifestation contre le film anti-musulman.

Peter King, président du comité sur la sécurité nationale et membre du comité sur les services de renseignement de la Chambre des représentants, a affirmé que Mme Rice aurait dû examiner les données brutes et non pas seulement se fier aux informations non protégées qui lui avaient été fournies.

Photo: AFP

Susan Rice