Le conseil municipal de San Francisco se prononcera mardi sur un projet de loi visant à interdire le nudisme dans la ville, au grand dam des naturistes de tous poils, qui y voient une violation de la liberté d'expression.



Le texte est présenté par le démocrate Scott Wiener, conseiller municipal du Castro, quartier historique de la communauté gaie de San Francisco et paradis des naturistes -- désignés localement comme les «Naked Guys» (les gars nus).

Le projet de loi prévoit d'interdire à toute personne de plus de cinq ans d'exposer en public ses fesses ou ses organes génitaux, sous peine d'une amende allant de 100 dollars pour une première infraction à 500 dollars pour les récidivistes.

Les défenseurs du droit à se balader en tenue d'Adam ont lancé une procédure judiciaire pour tenter de bloquer le texte, au nom de la défense de la liberté d'expression, et se sont réunis la semaine dernière devant la mairie de San Francisco pour protester.

Leur avocate, Christina DiEdoardo, a assuré sur la chaîne ABC7 vouloir «défendre le droit de (ses) clients à pouvoir exercer leur droit fondamental d'expression, protégé par la constitution des États-Unis».

M. Wiener, qui vit depuis 15 ans dans le Castro, estime pour sa part que «la plainte, pour ce que j'en sais, est un coup publicitaire qui me semble pour le moins frivole», ajoutant que des restrictions au naturisme sont déjà en vigueur aux Etats-Unis et dans plusieurs régions de Californie.

La loi californienne interdit l'exhibition des organes génitaux «dans une intention obscène». A San Francisco, la jurisprudence considérait jusqu'alors que l'obscénité résidait avant tout dans l'oeil de celui ou celle qui regarde, autorisant de fait le naturisme.

Le projet de loi prévoit cependant des tolérances, notamment pour la Gay Pride annuelle ou la course «Bay to Breakers», une compétition historique où le port de vêtements est à la discrétion des coureurs.

S'il est voté, le texte devra encore être signé par le maire de San Francisco, le démocrate Ed Lee, pour être promulgué. Mais l'élu n'a pas fait mystère de ses intentions.

«C'est un sujet qui dépasse largement la question de la liberté d'expression», a-t-il déclaré sur ABC7. «Les gens ont dépassé les bornes avec leur exhibitionnisme».