Le président égyptien Mohamed Morsi a annoncé un arrêt mardi de l'opération israélienne sur Gaza déclenchée il y a sept jours, mais les hostilités se poursuivaient, avec un tir de roquette au sud de Jérusalem et des raids aériens meurtriers sur l'enclave palestinienne.

Ces développements interviennent sur fonds d'intenses tractations diplomatiques. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon est arrivé à Jérusalem et une délégation de la Ligue arabe effectue une visite dans la bande de Gaza.

«La grotesque agression israélienne va cesser aujourd'hui, mardi, et les efforts pour parvenir à un cessez-le-feu entre Palestiniens et Israéliens vont avoir des résultats positifs dans les prochaines heures», a déclaré le président Morsi, cité par l'agence officielle Mena.

L'Égypte est au coeur des efforts internationaux pour ramener le calme dans l'enclave contrôlée par le Hamas et qui est la cible d'une offensive israélienne baptisée Pilier de Défense depuis mercredi.

Un haut responsable gouvernemental israélien avait indiqué dans la matinée que l'État hébreu avait provisoirement repoussé l'option d'une offensive terrestre sur Gaza, assurant vouloir donner leur chance aux efforts diplomatiques en cours, à la suite d'une réunion dans la nuit du forum des neufs principaux ministres du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

Selon les médias israéliens, Israël souhaite qu'une trêve de 24 à 48 heures soit observée afin que les parties puissent élaborer un cessez-le-feu durable.

Un responsable du Hamas a indiqué que le chef de ce mouvement, Khaled Mechaal, était mardi après-midi en réunion au Caire avec le chef des services de renseignements égyptiens, Mohammed Chehata, qui assure la médiation. «Nous sommes tout proches d'un accord, ce n'est pas un mystère», a-t-il dit.

Dans le même temps, le numéro un de la branche armée du Hamas, Mohammad Deïf, a mis en garde Israël contre une opération terrestre à Gaza, menaçant de capturer des soldats israéliens, dans un rare message audio. «L'ennemi payera cher s'il pense entrer à Gaza», a averti Mohammad Deïf.

«Nettoyage ethnique»

Sur le terrain, la situation restait très tendue.

Une roquette à longue portée tirée de Gaza a explosé mardi après-midi au sud de Jérusalem, dans la région du bloc de colonies du Goush Etzion, sans faire de blessé, a indiqué la police.

Au même moment, la branche armée du Hamas a revendiqué le tir d'une roquette à longue portée M75 sur «Jérusalem occupée».

Une violente explosion avait auparavant été entendue après qu'une sirène d'alerte eut longuement retenti dans Jérusalem.

La sirène a provoqué un début de panique, paralysant brièvement la circulation, les passants courant s'abriter dans des entrées d'immeubles ou derrière des voitures garées. Selon des témoins, l'explosion a été célébrée dans des quartiers palestiniens de Jérusalem-Est.

Une centaine de roquettes ont été lancées de Gaza mardi sur Israël, dont 51 ont été interceptées par le système anti-missiles israélien Dôme de fer, selon un porte-parole militaire.

Parallèlement, dans la bande de Gaza, onze Palestiniens ont été tués mardi dans des frappes aériennes israéliennes, selon les services d'urgences.

Israël a ordonné aux habitants de certains quartiers de la ville de Gaza d'évacuer «immédiatement» les lieux.

Depuis mercredi, 121 Palestiniens ont été tués à Gaza et plus de 920 blessés, selon des sources médicales. Trois Israéliens ont également péri.

Peu avant son arrivée en Israël, le secrétaire général de l'ONU a appelé toutes les parties «à cesser le feu immédiatement». «Toute nouvelle escalade mettrait toute la région en péril», a-t-il estimé au Caire, au côté du chef de la Ligue arabe Nabil al-Arabi.

Ce dernier est arrivé en milieu de journée à Gaza avec une délégation de ministres arabes des Affaires étrangères, afin de manifester sa «solidarité» avec l'enclave palestinienne. «L'important est (...) de faire sentir aux habitants de Gaza qu'ils ne sont absolument pas seuls», a expliqué le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu.

Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a accusé Israël de mener un «nettoyage ethnique» contre les Palestiniens.

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton doit pour sa part quitter Phnom Penh mardi pour se rendre en Israël, en Égypte et à Ramallah, le siège de l'Autorité palestinienne, selon un responsable américain. Mme Clinton rencontrera notamment M. Netanyahu et le président palestinien Mahmoud Abbas.

Depuis le début des bombardements sur Gaza, Washington a assuré son allié israélien d'un soutien sans faille, le président Barack Obama soulignant notamment que les tirs de roquettes vers Israël avaient «précipité» la crise.

 

Photo Reuters

Frappe israélienne sur Gaza mardi.