Les ministres des grandes puissances et de l'Iran se sont retrouvés autour de la même table à Vienne, pour la première fois depuis dix jours, dans l'espoir de trancher les questions encore en suspens et arracher enfin un compromis historique sur le nucléaire.

Les chefs de la diplomatie du groupe P5+1 (États-Unis, Grande-Bretagne, Chine, Russie, France, et Allemagne) et l'Iranien Mohammad Javad Zarif, très souriant comme à l'accoutumée, ont entamé dans l'après-midi une session plénière.

Ces grandes retrouvailles entre ministres succèdent à une plénière entre chefs de la diplomatie du P5+1 lundi matin. Ces derniers se sont clairement donné le mot pour mettre un coup de pression finale sur l'Iran, affirmant à tour de rôle, dans une orchestration parfaitement définie, que «le temps était venu» pour conclure, que «toutes les cartes étaient sur la table», et qu'il fallait saisir «une chance unique de mettre un terme à 12 ans de conflit».

Les grandes puissances et l'Iran sont censés parvenir à une conclusion d'ici mardi, mais dans l'histoire de cette négociation hors norme, aucune date butoir n'a jamais été respectée.

Le programme nucléaire iranien a été révélé au début des années 2000 et des pourparlers ont commencé dès 2003 entre les Européens et l'Iran pour tenter de désamorcer, en vain, ce qui allait devenir l'un des dossiers internationaux les plus sensibles qui soient.

Mais les négociations ont réellement repris avec des rencontres secrètes à partir de 2012 entre diplomates américains et iraniens, et surtout l'arrivée du président iranien Hassan Rohani, élu en 2013 sur la promesse d'en finir avec les sanctions internationales.

«Derniers choix difficiles»

C'est aux ministres de faire «les derniers choix difficiles», a déclaré lundi un officiel iranien, alors que les experts et diplomates ont travaillé d'arrache-pied ces derniers jours pour essayer de régler ce qui pouvait l'être à leur niveau.

«Nous avons fait de bons progrès sur presque toutes les questions, mais un petit nombre doivent encore être résolues», a-t-il dit, alors que les négociateurs tournent autour des mêmes points de blocage depuis des mois.

«Nous avons fait nombre de concessions, nous avons fait preuve de flexibilité. Tout le monde en a fait autant», a ajouté ce responsable qui a requis l'anonymat, rappelant que le principe d'une négociation était du «donnant, donnant».

Les négociations sont destinées à garantir la nature pacifique du programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions internationales qui frappent le pays.

Aux termes de l'accord recherché, Téhéran, qui a toujours assuré que son programme était de nature strictement civile, accepterait de limiter celui-ci et de le placer sous étroit contrôle international, en échange d'une levée des sanctions qui étranglent son économie depuis une décennie.

Les experts et diplomates ont préparé «un texte de 20 pages avec cinq annexes, au total entre 70 et 80 pages», selon le négociateur iranien Abbas Araghchi.

Depuis des mois, les points de blocage portent sur la durée de l'accord, les modalités et le périmètre des inspections internationales, et le rythme auquel les sanctions seront levées.

Les Iraniens réclament leur levée rapide - le président Hassan Rohani a été élu en 2013 sur cette promesse -, quand le P5+1 insiste sur un processus progressif et réversible au cas où Téhéran ne tiendrait pas ses engagements. Mais les parties semblent être parvenues à un compromis sur cette question, selon plusieurs sources diplomatiques.

Concernant les vérifications d'une possible dimension militaire (PMD) du programme nucléaire iranien, point clé du dossier, le patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, a fait part de «progrès» dans les discussions. M. Amano s'était rendu jeudi à Téhéran, où il avait rencontré le président Rohani, et deux des adjoints du chef de l'État sont lundi dans la capitale iranienne.

L'AIEA, agence onusienne, sera le véritable garant de la mise en oeuvre d'un accord, puisqu'elle est chargée d'inspecter les sites suspects iraniens et de rendre compte au Conseil de sécurité de l'ONU du respect ou non de l'accord par Téhéran.