À cette date-ci, il y a quatre ans, Jesús Andrade faisait du bénévolat 15 heures par jour et dormait sur le divan d'étrangers. Chaque minute de son existence était dédiée à un seul objectif: faire élire Barack Obama à la présidence des États-Unis.

Aujourd'hui, M. Andrade appuie Obama et défend des causes progressistes dans South L.A., un quartier pauvre de Los Angeles. Mais l'enthousiasme qu'il perçoit autour de lui est différent.

«Il y a toujours autant de passion chez les gens, mais la lune de miel est terminée, dit-il. L'élection de 2008 était unique. Peut être qu'on ne revivra jamais une élection comme cela dans nos vies.»

L'élection de 2008 était unique car, pour la première fois, un Noir avait une chance d'être élu. Le ras-le-bol des Américains envers George W. Bush et les années de guerre en Irak et en Afghanistan ont aussi contribué à électriser la course à la présidence.

Cette année, les électeurs de South L.A., composé à environ 30 % de citoyens noirs et 65 % de citoyens hispanophones, vont toujours voter massivement pour Obama. Mais, après quatre années d'une reprise économique lente, les gens savent désormais que le président ne peut pas tout régler.

Ben Laden est mort

Baladez-vous dans les rues de South L.A. et vous verrez des petits commerces de téléphones cellulaires et de produits de beauté qui semblent vivoter en périphérie de l'activité économique plus dynamique du nord de la ville.

Le dimanche, le quartier semble vide car les églises sont pleines. Même si leurs portes sont fermées, on entend la musique gospel et les claquements des mains jusque dans la rue.

Le taux de chômage est toujours élevé ici: il atteint 25 % dans certains secteurs de South L.A.

Selon Vernon King, résidant du quartier depuis les années 70, la situation économique est «un peu meilleure» que lorsque Obama est arrivé au pouvoir, en janvier 2009. Il trouve qu'il est trop tôt pour demander au président de quitter la Maison-Blanche.

«Obama est arrivé durant la tempête, et il a gardé le bateau à flot. Nous serions en dépression actuellement s'il n'avait pas sauvé l'économie.»

Ce qui l'insulte, dit-il, c'est de voir Romney traiter le président de «bon à rien» qui n'a pas tenu ses promesses.

«Je rappellerais à M. Romney que ben Laden est mort!, lance-t-il, agitant les sacs d'épicerie qui pendent au bout de ses bras. Les républicains sont de grands parleurs, mais ce sont les démocrates qui agissent.»

Autre forme d'engagement

Jesús Andrade, quant à lui, ne fait plus de bénévolat pour la campagne d'Obama cette année. Ce n'est pas parce qu'il est désenchanté: le jeune homme de 29 ans travaille comme organisateur communautaire avec le groupe Community Coalition, qui est apolitique.

En 2008, M. Andrade faisait du porte-à-porte pour Obama dans le sud du Colorado, un État stratégique où le vote est plus serré qu'en Californie.

Aujourd'hui, il fait du porte-à-porte dans South L.A. pour inciter les gens à voter pour la Proposition 30 et la Proposion 32, deux des questions référendaires qui seront posées aux électeurs californiens le jour du vote, et qui seront déterminantes pour le futur de l'enseignement public dans l'État, notamment.

Son travail est plus facile, car les gens qu'il rencontre sont désormais familiers avec l'activisme politique, dit-il.

«La victoire d'Obama en 2008 a montré aux gens qu'ils avaient le pouvoir de changer le cours de l'histoire du pays. Maintenant, nous bâtissons sur ces fondations.»