Le candidat républicain à la Maison Blanche, Mitt Romney, a dénoncé lundi dans un discours sans concession la «passivité» du président Barack Obama sur la scène internationale, au Moyen-Orient et notamment en Syrie, où il appelle à armer les rebelles.

S'exprimant devant l'Institut militaire de Virginie, Mitt Romney a dressé un parallèle entre les récentes attaques antiaméricaines dans le monde arabe et l'absence de «leadership» du président démocrate sortant, ouvrant un nouveau front dans une campagne concentrée jusqu'à présent sur la politique intérieure et l'économie, à près de quatre semaines du scrutin.

Face à la situation en Syrie, il a renouvelé son appel à «identifier et organiser les membres de l'opposition qui partagent nos valeurs», promettant de faire «en sorte qu'ils obtiennent les armes dont ils ont besoin».

Pour illustrer la montée de l'extrémisme dans la région, le républicain est revenu plusieurs fois sur l'attaque du 11 septembre contre le consulat américain de Benghazi, dans l'est de la Libye, dans laquelle ont péri l'ambassadeur Christopher Stevens et trois de ses compatriotes.

«Les attaques contre l'Amérique le mois dernier ne doivent pas être prises pour des actes isolés» car «elles illustrent le combat plus large qui se joue à travers tout le Moyen-Orient, une région qui vit son plus grand bouleversement depuis un siècle», a-t-il expliqué, en notant que «le drapeau noir de l'extrémisme islamique» avait été levé sur les ambassades américaines le jour de l'anniversaire du 11-Septembre.

Quatre jours après un débat réussi contre le président, Mitt Romney a tâché d'asseoir sa stature de futur chef d'Etat dans un domaine où une majorité d'Américains font plutôt confiance à Barack Obama.

Le sondage Gallup réalisé après le débat a marqué une remontée significative du républicain, à égalité avec Barack Obama (47% chacun).

«Le risque de conflit dans la région est plus fort aujourd'hui que lorsque le président a commencé son mandat», a avancé le candidat, en citant la crise nucléaire avec l'Iran, la guerre en Syrie, l'attentat de Benghazi et «des extrémistes violents».

«Un des meilleurs bilans depuis des générations»

Les porte-parole de Barack Obama ont vivement réagi lundi en rappelant «l'inexpérience» de Mitt Romney en politique étrangère et le bilan du président, «l'un des meilleurs (...) de sécurité nationale depuis des générations»: fin de la guerre en Irak, retrait d'Afghanistan d'ici 2014 et mort de Ben Laden.

L'ancienne secrétaire d'Etat démocrate Madeleine Albright a raillé le discours «superficiel» de Mitt Romney et noté que nombre de ses conseillers avaient collaboré avec George Bush.

Mitt Romney a aussi promis la fermeté face à la Russie et un réchauffement des relations avec Israël après «les fortes tensions» développées, selon lui, entre Barack Obama et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dont l'Iran aurait profité pour poursuivre son programme nucléaire.

L'Iran est accusé par les Occidentaux et Israël de vouloir se doter de l'arme nucléaire sous couvert de son programme civil, ce que Téhéran dément.

«Nous ne pouvons pas aider nos amis et battre nos ennemis (...) si la perception de notre stratégie n'est pas celle d'un partenariat mais d'une passivité», a martelé M. Romney.

Dans un sondage réalisé fin septembre, 46% des personnes interrogées estimaient que Barack Obama ferait «mieux» que Mitt Romney en politique étrangère, contre 40% qui pensaient l'inverse --une avance significative mais en baisse.

Le candidat a aussi cherché à rassurer sur le conflit israélo-palestinien. Une vidéo, filmée en mai à son insu, l'avait montré affirmant qu'une solution était «impensable».

«Je réengagerai l'Amérique avec l'objectif d'un Etat palestinien démocratique, prospère et vivant aux côtés de l'État hébreu, en paix et dans la sécurité», a assuré Mitt Romney.

La politique étrangère sera de nouveau abordée aux débats des 16 et 22 octobre entre les deux prétendants.