Des centaines de détracteurs du président égyptien manifestaient dimanche au Caire dans l'attente d'une réaction de la principale coalition de l'opposition au maintien par Mohamed Morsi du référendum sur un projet de Constitution.

Selon des images diffusées à la télévision, certains manifestants brandissaient des drapeaux égyptiens, d'autres des bannières accusant les Frères musulmans, dont M. Morsi est issu, d'être des «tortionnaires». Ils convergeaient dans le calme vers le palais présidentiel dans la banlieue du Caire.

Les soldats chargés de sécuriser le bâtiment les ont laissés passer malgré l'installation à l'aube d'énormes blocs de béton sur la route menant au palais, selon un photographe de l'AFP.

Pour tenter de sortir d'une grave crise politique, M. Morsi a annulé samedi soir le décret par lequel il avait placé ses pouvoirs au-dessus de tout recours en justice, et l'a remplacé par un autre ne contenant pas cette disposition très décriée.

Mais il a maintenu le référendum du 15 décembre sur un projet de Constitution contesté, son camp expliquant qu'un report était juridiquement impossible. La loi stipule en effet que le référendum doit se tenir deux semaines après la remise du texte au chef de l'État, ce qui a été fait le 1er décembre.

En réaction aux décisions de M. Morsi, la Bourse égyptienne a clôturé dimanche en hausse de 4,4%.

Le Front du salut national (FSN), présidé par le prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei et composé de plusieurs groupes et partis de l'opposition libérale et de gauche, va se prononcer dans la soirée sur l'annonce de M. Morsi, ont indiqué à l'AFP plusieurs responsables.

«Manoeuvre politique»

Le FSN a fait du retrait du décret et de l'annulation du scrutin constitutionnel ses chevaux de bataille, organisant des manifestations massives ces derniers jours devant la présidence.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, des pro et anti Morsi se sont violemment affrontés aux abords du palais, faisant sept morts et des centaines de blessés.

Certains des membres du Front ont déjà fait savoir qu'ils n'étaient pas satisfaits de l'annonce de M. Morsi.

Le Courant populaire, mouvement du candidat déçu à la présidentielle Hamdeen Sabbahi, a ainsi appelé à annuler le scrutin, estimant que le projet de Constitution «consacre la tyrannie et la domination d'une seule partie sur l'avenir de la nation».

Le mouvement du 6-Avril, très actif lors de la révolte qui a renversé Hosni Moubarak en février 2011, a lui qualifié la décision de M. Morsi de «manoeuvre politique visant à tromper le peuple» et appelé «à poursuivre les manifestations (...) pour arrêter le référendum».

Le premier ministre Hicham Qandil a appelé tous les manifestants, qu'ils soient pour ou contre le président, à mettre fin à leurs protestations et à aller voter samedi «pour exprimer leur opinion».

Les Frères musulmans et d'autres formations islamistes ont catégoriquement refusé tout report du vote.

L'opposition estime que le projet de Constitution élaboré par une commission dominée par les islamistes ouvre la voie à une islamisation accrue de la législation et manque de garanties pour les libertés, en particulier d'expression et de religion.

L'armée, qui a dirigé le pays après la chute d'Hosni Moubarak, a lancé samedi un appel au dialogue en prévenant que faute de pourparlers, l'Égypte emprunterait «un sentier obscur qui déboucherait sur un désastre», ce que l'institution militaire «ne saurait permettre».

Dimanche, plusieurs avions de chasse ont survolé la capitale égyptienne à basse altitude. L'agence officielle Mena a indiqué qu'il s'agissait d'exercices visant à «faire face aux attaques aériennes hostiles», tout en ajoutant que «certains y ont vu une démonstration de force de l'armée, d'autant plus qu'il intervient au lendemain de l'important communiqué des forces armées».



Les islamistes appellent à manifester mardi


Les partis et mouvements islamistes égyptiens ont appelé à manifester mardi, le même jour que l'opposition, en soutien au référendum du 15 décembre sur le projet de Constitution, ont indiqué dimanche les Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi.

L'alliance des forces islamistes «appelle à manifester mardi sous le slogan «oui à la légitimité et oui au consensus national»», a déclaré à l'AFP Mahmoud Ghozlan, porte-parole des Frères musulmans.

Cet appel est intervenu quelques minutes après que le Front du salut national (FSN), principale coalition de l'opposition, a appelé, lui aussi, à des rassemblements mardi. Ces manifestations doivent avoir lieu «au Caire et dans les provinces» en signe de protestation contre la tenue de ce référendum et le projet de Constitution.

La semaine dernière, opposants et partisans du président avaient déjà appelé à des manifestations rivales devant le palais présidentiel, une confrontation qui s'était soldée par des heurts ayant fait sept morts parmi les manifestants dans la nuit de mercredi à jeudi.

Le FSN s'était réuni dans l'après-midi au siège du parti libéral Wafd au Caire pour s'accorder sur la réponse à apporter à la décision de M. Morsi de maintenir le scrutin et d'annuler un décret élargissant ses pouvoirs.

Sous l'oeil de l'armée, qui a sommé opposants et pouvoir de «dialoguer», M. Morsi a annulé samedi soir ce décret par lequel il avait placé ses pouvoirs au-dessus de tout recours en justice, et l'a remplacé par un autre ne contenant pas cette disposition très décriée.

Il a en revanche maintenu le référendum du 15 décembre sur le projet de Constitution contesté, son camp expliquant qu'un report était juridiquement impossible. La loi stipule en effet que le référendum doit se tenir deux semaines après la remise du texte au chef de l'État, ce qui a été fait le 1er décembre.