L'organisation État islamique a appelé mardi au djihad contre les États-Unis et contre la Russie, qui a annoncé avoir intensifié ses frappes aériennes en Syrie.

L'EI a par ailleurs confirmé la mort de son numéro deux, frappé en août par un raid aérien américain.

Sur les lignes de front, des groupes rebelles non islamistes ont affirmé mardi avoir reçu des États-Unis des missiles antichars TOW qui leur permettent de contrer l'avancée des troupes du régime dans les provinces de Hama et Idleb.

Dans ce conflit rendu très complexe par la multitude des protagonistes, l'EI et le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, se font la guerre et combattent séparément le régime de Bachar al-Assad. Mais dans des enregistrements séparés, ils se sont déchaînés contre la Russie qui a décidé d'envoyer ses avions aider les troupes du régime.

«La Russie sera vaincue», a menacé le porte-parole de l'EI Abou Mohamed al-Adnani dans un enregistrement diffusé mardi sur les sites djihadistes, appelant «les musulmans en tous lieux à lancer le djihad contre les Russes et les Américains».

Il a accusé les États-Unis d'être «faibles et impuissants» et de «faire appel» à l'Australie, à la Russie, à la Turquie et à l'Iran pour l'aider «dans sa guerre contre l'EI».

Avant lui, le chef du Front Al-Nosra, Abou Mohammad al-Jolani, a appelé «les moujahidine du Caucase à soutenir autant qu'ils peuvent le peuple de Syrie. Si l'armée russe tue notre population, tuez sa population, si elle tue nos soldats, tuez les siens. Oeil pour oeil».

La Russie est intervenue le 30 septembre avec son aviation pour venir en aide au régime, son allié, qui avait subi plusieurs revers face aux rebelles. Moscou affirme que ses avions bombardent l'EI et les groupes rebelles islamistes, dont Al-Nosra, dans plusieurs régions.

«Missiles TOW» aux rebelles

Les États-Unis sont, eux, à la tête d'une large coalition qui bombarde depuis plus d'un an en Syrie et en Irak l'EI, sans parvenir à le neutraliser.

Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a annoncé mardi que les États-Unis et la Russie allaient reprendre leurs discussions militaires sur le conflit syrien pour éviter tout incident aérien entre leurs aviations respectives.

«Nous aurons une nouvelle discussion avec les Russes demain» (mercredi), a déclaré M. Carter à Boston.

Le porte-parole de l'EI a affirmé que son groupe «se renforce chaque jour et continuera à devenir plus fort», alors qu'il occupe la moitié de la Syrie et occupe de vastes régions d'Irak, où il sème la terreur et commet de multiples exactions - décapitation, viols, rapts...

Le porte-parole a par ailleurs confirmé la mort du numéro deux de l'EI, Fadel Ahmad al-Hayali, selon un enregistrement diffusé sur les sites islamistes.

En août dernier, les États-Unis avaient annoncé que Hayali avait été tué le 18 du même mois dans un raid aérien américain près de Mossoul en Irak.

«Il a entraîné des hommes et laissé derrière lui des héros, qui avec l'aide de Dieu, vont faire du mal à l'Amérique», a déclaré le porte-parole.

Moscou et Washington continuent d'avoir des positions opposées sur le conflit, même si tous deux bombardent l'EI.

Le président russe Vladimir Poutine a vertement critiqué les États-Unis en dénonçant leur manque de coopération et leur parachutage de munitions à des groupes rebelles dans le nord de la Syrie.

Ces munitions sont distinctes des missiles TOW reçus en nombre accru ces quatre derniers jours par les rebelles dans le centre de la Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«Terroristes» ou «modérés»

Selon le ministère de la Défense à Moscou, l'aviation russe a bombardé 86 «cibles terroristes» dans les provinces de Raqa, Hama, Idleb, Lattaquié et Alep ces dernières 24 heures, soit un record absolu depuis le début de son intervention.

A Damas, deux obus tirés par des rebelles islamistes sont tombés sans faire de victime dans l'enceinte de l'ambassade de Russie, devant laquelle se tenait une petite manifestation de soutien.

Pour les Russes, tous ceux qui sont opposés sur le terrain à M. Assad sont des «terroristes», alors qu'Américains et Européens veulent un départ d'Assad et appuient des groupes rebelles qu'ils qualifient de «modérés».

Washington et ses alliés reprochent surtout à Moscou de ne pas concentrer ses frappes sur l'EI.

Enfin, le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que, selon les renseignements obtenus par son pays, le double attentat survenu samedi à Ankara, qui a fait au moins 97 morts, «trouve son origine en Syrie».