Le gouvernement fédéral est allé trop loin en rappelant ses diplomates à l'ONU et ceux en Israël et en Palestine, dénoncent le partis d'opposition.

Il ternit de plus la réputation du Canada sur la scène internationale, ont-ils scandé à Ottawa vendredi.

Le ministre des Affaires étrangères du Canada, John Baird, a rappelé temporairement à Ottawa ses chefs de mission en Israël et à Ramallah, de même que ses représentants permanents à l'ONU à New York et à Genève.

Il dit vouloir évaluer les répercussions du vote tenu jeudi à l'Assemblée générale des Nations unies. La majorité des pays de l'organisation internationale ont alors voté en faveur d'accorder un statut d'observateur non-membre à la Palestine.

«Le Canada est profondément déçu mais non surpris du résultat du vote tenu hier à l'Assemblée générale des Nations unies, a dit le ministre Baird par voie de communiqué. La position de notre gouvernement est claire: seule la négociation mènera à une paix juste et durable, et non les mesures unilatérales.

«À cette fin, le Canada fait revenir temporairement à Ottawa ses chefs de mission en Israël et à Ramallah de même que ses représentants permanents à l'ONU à New York et à Genève, en vue d'évaluer les répercussions du vote tenu hier à l'Assemblée générale des Nations unies et d'aider à déterminer la réaction du Canada à celui-ci», a-t-il ajouté.

Dans une entrevue accordée à la télévision anglaise de Radio-Canada, M. Baird a dit vouloir consulter les diplomates qui sont au coeur de l'action.

«Je veux essayer de comprendre dans quelle direction aller maintenant», a-t-il dit.

Aussitôt faits, aussitôt dénoncés: le Nouveau Parti démocratique (NPD) s'est opposé aux choix du gouvernement Harper.

«Je crois que plusieurs pourraient dire qu'ils sont allés trop loin et je serais l'un d'entre eux», a affirmé le porte-parole néo-démocrate en matière d'Affaires étrangères, Paul Dewar.

«Ce n'est pas la façon de faire de la diplomatie et franchement, au bout du compte, cela va nous coûter notre réputation», a martelé M. Dewar.

Le rappel des diplomates est une réaction complètement exagérée, tranche pour sa part le député André Bellavance du Bloc québécois.

«De jeter de l'huile sur le feu c'est vraiment pas, il me semble, le rôle du diplomate en chef du Canada qu'est John Baird. Et plus ça va, pire c'est». M. Baird prend des positions radicales, ajoute-t-il.

Sans remettre en question le vote canadien, le ministre québécois des Relations internationales, Jean-François Lisée, a enjoint le Canada à reconnaître le résultat et à maintenir son aide à l'Autorité palestinienne.

«Il faut prendre acte et ne pas punir l'Autorité palestinienne pour avoir joué le jeu de la diplomatie internationale, a-t-il dit. L'aide canadienne contribue à la paix et à la sécurité.»

Le Canada réévaluera maintenant tous les aspects de ses relations bilatérales avec l'Autorité palestinienne, a précisé M. Baird dans son communiqué.

Selon lui, la mesure unilatérale prise jeudi n'apporte rien pour faire progresser le processus de paix au Moyen-Orient. Il soutient que cette décision de l'Assemblée générale des Nations unies constitue un obstacle à la paix.

Il exhorte de nouveau l'Autorité palestinienne et Israël à reprendre les négociations sans conditions préalables, pour le bien de leur population.

Le Canada compte parmi la poignée de pays qui ont voté contre la résolution, qui a été adoptée à 138 votes contre 9 avec 41 abstentions.