L'un des «cerveaux» des attentats du vendredi 13 à Paris, Abdelhamid Abaaoud, est mort dans l'assaut de la police française mercredi à Saint-Denis, confirment les autorités. La présence en France et la fin violente de ce Belge devenu combattant, recruteur et propagandiste pour le groupe État islamique laissent toutefois plusieurs questions en suspens.

Un nouveau martyr?

Né en 1987 dans la commune bruxelloise de Molenbeek, Abaaoud était devenu une vedette locale pour les jeunes radicalisés, notamment grâce à son utilisation des médias sociaux. Une vidéo où on le voyait en Syrie traîner des cadavres derrière un véhicule avait beaucoup circulé. Va-t-il être érigé en martyr en raison de sa mort au combat ? « Comme martyr, ils vont sûrement le vénérer comme étant mort pour une raison que certaines personnes admirent, oui », a expliqué Nasser Houdak, intervenant jeunesse à l'Association de la jeunesse molenbeekoise, dans un entretien avec La Presse hier. « Notre travail quotidien, c'est justement d'essayer que les jeunes ne soient pas récupérés de cette façon », dit-il.

Une baisse du recrutement?

Au terme d'un procès tenu à Bruxelles en son absence l'été dernier, Abaaoud avait été condamné à 20 ans de prison pour son implication dans le recrutement de jeunes Belges par l'État islamique. Bien que son territoire soit peu étendu, la Belgique est le pays européen qui a fourni le plus de combattants à l'EI en Syrie. Mais M. Houdak ne croit pas que la mort d'un recruteur suffise à tarir le flot des combattants vers le Moyen-Orient. « Avec lui, on n'est pas à la source. Il faut aller jusqu'à la source. Tant que le robinet est ouvert, l'eau continuera à couler », explique-t-il au bout du fil.

Comment a-t-il pu entrer en France?

Le ministre de l'Intérieur de la France, Bernard Cazeneuve, a annoncé hier qu'Abdelhamid Abaaoud aurait été impliqué dans quatre des six attentats déjoués en France depuis le printemps, notamment celui de Villejuif et peut-être celui du train Thalys. Il aurait aussi « joué d'évidence un rôle déterminant » dans les attaques du vendredi 13 à Paris. M. Cazeneuve a regretté qu'un individu aussi connu ait ainsi pu partir de Syrie et progresser jusqu'en France sans qu'aucun autre pays sonne l'alarme. « Ce n'est que le 16 novembre, postérieurement aux attentats de Paris, qu'un service de renseignement d'un pays hors d'Europe nous a signalé avoir eu connaissance de sa présence en Grèce », a-t-il déclaré.