Au moins 3800 personnes en France sont radicalisées au point de chercher à grossir les rangs du djihad en Syrie ou en Irak, a dit jeudi le ministère français de l'Intérieur.

De ce nombre, 16 %, ou 608 individus, ont moins de 18 ans. Le quart des mineurs seraient des femmes.

Au moins 571 Français se sont rendus en Syrie ou en Irak et 246 sont d'ores et déjà rentrées en France, a rappelé Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur.

Il s'agit « d'individus qui représentent un risque sécuritaire majeur à leur retour », a-t-il dit. Au moment de mettre sous presse, on ne savait pas si c'était le cas de l'un des terroristes de nationalité française qui a trouvé la mort lors du massacre du Bataclan.

La radicalisation des jeunes est un problème récurrent, rappelle en entrevue Vijay Prashad, auteur et professeur d'études internationales de Trinity College, à Hartford, au Connecticut.

« Le problème de notre civilisation, c'est que nous n'avons pas de mémoire, dit-il. Il y a 35 ans, de jeunes hommes du Maghreb, de Tchétchénie et des Philippines s'en allaient faire le djihad en Afghanistan avec enthousiasme, pour ensuite rentrer chez eux et semer le chaos. Un jour ou l'autre, il va falloir que l'on comprenne la leçon et faire cesser cela. »

ÉCHEC DU RENSEIGNEMENT

Wesley K. Wark, professeur au département d'histoire de l'Université de Toronto et spécialiste du renseignement, note quant à lui qu'à sa face même, la tuerie de Paris témoigne d'un échec de la part des autorités.

« Compte tenu de l'envergure et de la nature des attentats, je crois qu'on peut d'ores et déjà dire que cela suggère un échec dramatique du côté des services de sécurité et de renseignement français. On n'y échappe pas : c'est un terrible manque au chapitre de la prévention. »

Tout indique qu'il s'agit d'attaques menées par des gens qui savaient ce qu'ils faisaient, dit-il. « Les gens qui y ont participé étaient entraînés à l'usage d'explosifs et l'usage d'armes automatiques. Comment ont-ils été entraînés ? Qui les a entraînés ? Ce sont des questions auxquelles les autorités françaises vont devoir répondre dans les prochains jours. »

Les pouvoirs accrus de surveillance des télécommunications obtenus par les services français après l'attaque contre Charlie Hebdo plus tôt cette année n'ont de toute évidence pas permis de prévenir l'attaque de vendredi soir, affirme Wesley K. Wark.

« Le désir d'avoir des services de renseignement plus puissants doit se faire dans un cadre légal. Sinon, de mauvaises choses peuvent survenir, et on accorde une victoire symbolique aux groupes terroristes. »

De telles attaques devraient aussi pousser l'Occident à remettre en question ses partenariats, notamment avec l'Arabie saoudite, trop souvent considérée comme un État modéré, suggère Vijay Prashad.

« Des membres de la famille royale utilisent leur fortune pour alimenter des extrémistes qui suggèrent constamment aux jeunes des pays en ruine comme l'Afghanistan d'attaquer l'Occident. Cela ne fait pas les manchettes, mais l'Arabie saoudite contribue à soutenir et à alimenter cette haine. »

Photo tirée d’un site web djihadiste, Archives Associated Press

Les djihadistes qui sont allés combattre en Irak ou en Syrie « représentent un risque sécuritaire majeur à leur retour » dans leur pays, a rappelé jeudi Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur de la France,

Photo Archives Reuters

Des milliers de personnes en France sont radicalisées au point de chercher à grossir les rangs du djihad en Syrie ou en Irak, a dit jeudi le ministère français de l’Intérieur.

Photo tirée d’un site web djihadiste, Archives Associated Press

Des milliers de personnes en France sont radicalisées au point de chercher à grossir les rangs du djihad en Syrie ou en Irak, a dit jeudi le ministère français de l’Intérieur.