C'est une foule dense, portée par l'émotion, qui s'est réunie cet après-midi devant le Consulat général de France à Montréal. Autour de 3500 personnes, dont de nombreux membres de la communauté française en larmes, sont venus témoigner de leur douleur et de leur solidarité envers les Parisiens. Dans un silence empreint de tristesse, les participants à la vigile ont déposé des gerbes de fleurs et des bougies par centaines.

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« Paris est en deuil, la France est en deuil, Montréal est en deuil, le Canada est en deuil, a déclaré au micro la Consule générale de France Catherine Feuillet. La présence des Français, des Montréalais et des élus ici à nos côtés montre que nous sommes debout, unis et forts, pour honorer la mémoire de ceux qui ont été hier assassinés, pour leurs familles, proches et amis. Nous leur devons ce moment de recueillement. Nous sommes là, ensemble, déterminés. Nous ne nous laisserons pas abattre ni par la haine, ni par la violence parce que nous sommes ensemble. Nous défendrons nos libertés et nos valeurs. »

Plusieurs participants à la vigile connaissaient de près ou de loin des victimes des attentats perpétrés à Paris hier. « On a été confronté dans notre famille à un décès au Bataclan, un jeune homme de 20 ans. On a trouvé ça odieux. On veut montrer à la communauté française que, même à 6500 km, on est avec eux. Moi, je ne veux plus jamais ça. Nos proches en France sont complètement anéantis par ce qui se passe, il y a un traumatisme. Jamais on n'aurait pu imaginer ce qui est arrivé », a confié Laurence Traullé, qui habite au Canada depuis 8 ans.

« J'ai des amis qui travaillent dans les secours et qui étaient présents hier pour venir en aide, a raconté Adam Galler, un étudiant français, les joues maquillées aux couleurs de la France. C'est nécessaire de se recueillir aujourd'hui, ça nous touche tous. Au début, quand j'ai vu les alertes sur les réseaux sociaux, je pensais à une fusillade isolée. Plus ça allait, plus c'était la catastrophe. » 

Saad Feennich, un étudiant marocain, brandissait bien haut une affiche sur laquelle on pouvait lire : Je suis musulman, je prie pour Paris. « C'est très important pour moi d'être ici. En ce moment, on fait l'amalgame entre musulmans et terroristes, je veux dire que l'islam est une religion de paix et de tolérance. Malheureusement, plusieurs pensent tout le contraire, a-t-il dit. Mon cousin habite le onzième arrondissement. Il a entendu les coups de feu, il a eu très peur, il a quitté pour la banlieue parisienne chez des amis. C'est très désolant. Je voulais soutenir mes amis français, le peuple français. »

Alexandre Boulerice, député du NPD, était présent. « Comme tous les Québécois et Québécoises, je suis sous le choc, bouleversé. On a frappé le coeur de Paris, c'est la famille proche. C'est extrêmement dur. On est ici pour montrer notre solidarité à l'ensemble des Français là-bas, des Français ici. Ce sont des événements horribles et innommables. La doule est dense, l'émotion est à fleur de peau. »

« La France reste debout et le Québec est à ses côtés, a dit le député péquiste Bernard Drainville. Quand la France est touchée, on se sent touchés comme Québécois à cause des liens qui nous unissent depuis si longtemps. C'est un peu comme si la famille avait été attaquée. C'est important de dire qu'on pense à eux, qu'on a de la peine avec eux et qu'on sera avec eux pour mener ce combat. »

« Ceux qui sont responsables sont les fanatiques du Daesh [le groupe État islamique, ndlr] qui invoquent Dieu pour semer la barbarie et la violence, mais on pourrait nommer d'autres responsables de ces guerres, a affirmé Amir Khadir, député de Québec solidaire. J'espère que la réponse de nos sociétés ne sera pas pure violence, vengeance et bombardements. Ça serait tomber dans le piège qu'ils nous tendent, ce qui aggraverait les conflits. Nos compatriotes québécois d'origine syrienne, irakienne, du Moyen-Orient n'ont pas à se sentir coupables de ça. Il serait inacceptable que les victimes de Daesh, une fois ici, le soient doublement en raison de notre intolérance, de notre regard accusateur. Nous devrions leur ouvrir encore plus nos bras. »

La conseillère municipale Annie Samson a invité la population à une marche de soutien dimanche, à 10 h. Le départ aura lieu à la Place des festivals.