Le ministère fédéral de l'Immigration affirme qu'il n'a pas reçu de demande de parrainage pour Abdullah Kurdi et sa famille, dont le jeune garçon de 3 ans Aylan Kurdi. La demande reçue visait plutôt son frère Mohammad et ses propres enfants.

Le plan de la famille Kurdi, dont les proches à Vancouver pilotaient cette demande de parrainage, était de commencer par la famille de Mohammad, puis entreprendre les mêmes démarches avec celle d'Abdullah.

Mais cette première demande a échoué. « Une demande pour M. Mohammad Kurdi et sa famille a été reçue par le ministère, mais celle-ci a dû être retournée parce qu'elle était incomplète puisqu'elle ne respectait pas les exigences réglementaires en matière de preuve de la reconnaissance du statut de réfugié », a déclaré un porte-parole du ministère de l'Immigration, Jean-Bruno Villeneuve.

Abdullah Kurdi et sa famille étaient à bord d'un bateau qui a chaviré mercredi au large de la Turquie, en route vers les îles grecques. Ils tentaient de fuir les violences qui agitent leur région de Kobané en Syrie. La femme de M. Kurdi et leurs deux enfants, Aylan, 3 ans, et Galip, 5 ans, sont décédés. La photo d'Aylan inerte et face contre le sable a fait le tour du monde.

« Le député [local du NPD] Fin Donnely, qui nous a beaucoup aidés, a contacté personnellement le ministre de l'Immigration Chris Alexander au sujet de ce dossier. M. Alexander a dit : "Oui, oui, nous allons le regarder". Mais rien n'est arrivé », a expliqué l'oncle d'Aylan et Galip, Rocco Logozzo, qui vit à Vancouver.

«Je crois qu'une fois qu'on a dit à la famille : ça a été rejeté, je crois qu'ils ont été démoralisés et ils ont décidé qu'ils allaient faire autre chose», a-t-il ajouté

M. Logozzo a dénoncé la complexité du système, précisant que la demande avait été rejetée parce que les Kurdi n'avaient pas de numéros de réfugiés des Nations unies. Il a indiqué qu'ils avaient tenté d'obtenir de tels numéros, mais qu'ils n'avaient pas réussi. 

Parlant aux médias en Turquie, le père Abdullah Kurdi a par ailleurs affirmé que le Canada l'avait contacté jeudi pour lui offrir une citoyenneté canadienne, une offre qu'il aurait refusée.

«Le Canada n'a pas offert de citoyenneté à M. Abdullah Kurdi», a toutefois nié le ministère fédéral de l'Immigration.

Au cours d'un point de presse très émotif à sa résidence de Vancouver, la soeur d'Abdullah Kurdi a confirmé que la demande refusée par Immigration Canada portait sur son frère Mohammad et sa famille.

Teema Kurdi a expliqué qu'Abdullah avait besoin d'implants dentaires et que c'est leur père, qui est toujours en Syrie, qui a eu l'idée que la famille se rende en Europe pour tenter de trouver une vie meilleure.

Elle a précisé que la lettre qu'elle a écrite au ministre de l'Immigration Chris Alexander en mars et qui lui a été remise en mains propres par le député Fin Donnely l'implorait : «S'il vous plaît, s'il y a un moyen d'aider ma famille à venir ici».

«Je n'ai pas eu de réponse», a dit Mme Kurdi.

«Ils ne méritaient pas de mourir. Ils tentaient de se donner une meilleure vie. Cela n'aurait jamais dû arriver», a-t-elle lancé entre deux sanglots.

La femme qui a immigré au Canada en 1992 a appelé la communauté internationale à mettre fin au conflit armé qui dévaste la Syrie depuis quatre ans.

En point de presse en Colombie-Britannique, le premier ministre et chef conservateur Stephen Harper a défendu le bilan de son gouvernement en matière d'accueil de réfugiés et d'aide humanitaire. Il a toutefois soutenu que la solution à ce problème passe par l'offensive militaire de la coalition internationale dirigée par les États-Unis contre le groupe armé État islamique.

«Le sort du peuple syrien, tout comme les événements d'hier, est une tragédie et nous offrons nos sincères condoléances à toutes les personnes touchées», a pour sa part déclaré le ministère de l'Immigration.