L'accident de l'avion d'AirAsia en Indonésie qui s'était abîmé en mer de Java fin 2014 (162 morts) a été causé par une pièce défectueuse et un problème de maintenance ainsi que la réaction de l'équipage, ont indiqué mardi les enquêteurs indonésiens.

L'appareil avait décollé le 28 décembre de la ville indonésienne de Surabaya pour Singapour (vol QZ8501) et disparu des écrans radars environ une demi-heure plus tard, après avoir demandé à prendre de l'altitude en raison de conditions météo très difficiles, puis de décrocher.

Dans le rapport final présenté par le Comité national indonésien de la sécurité des transports, les enquêteurs observent que des problèmes répétés dus au système de commande du gouvernail ont conduit l'équipage à débrancher le pilote automatique pour remédier à la situation qui a finalement conduit à sa chute.

Le pilote automatique a été débranché en raison des systèmes d'alarme répétés qui ont été déclenchés par une fissure dans une soudure sur le système de la gouverne de direction - qui aide à contrôler les mouvements du gouvernail, souligne le rapport.

Au quatrième signal d'alarme, les pilotes ont essayé de réinitialiser l'ordinateur pour relancer le système, mais cette manoeuvre a débranché le pilote automatique.

«Les actions suivantes de l'équipage ont rendu l'avion incontrôlable», ce qui a entraîné un «décrochage prolongé» de l'appareil ne permettant plus à l'équipage de le redresser, explique le rapport. D'autant plus qu'il y a eu une mauvaise communication entre les deux pilotes qui ont pris des initiatives opposées, a déclaré l'enquêteur Nurcahyo Utomo.

Ce dernier a observé que les pilotes d'Airbus chez AirAsia n'avaient pas suivi une formation suffisante pour réagir à une forte déstabilisation d'un appareil, dans la mesure où ce n'était pas recommandé par le constructeur.

Problème à 23 reprises

Le registre d'entretien de l'Airbus d'AirAsia Indonesia, filiale de la compagnie malaisienne AirAsia, mentionne que des problèmes avec le système de commande du gouvernail de l'A320-200 s'étaient produits à 23 reprises au cours des 12 mois précédents, et accentué pendant les trois derniers mois, souligne le rapport.

«Les enquêtes ont relevé une certaine insuffisance dans le système d'entretien, ce qui a conduit à la répétition du problème non résolu» de la pièce défectueuse, ajoute le rapport.

L'analyse des enregistreurs de vol, retrouvés dans des débris de l'appareil, a montré que l'Airbus avait effectué une ascension extrêmement brutale, tout à fait anormale pour un avion de ligne, avant de décrocher et de s'abîmer en mer.

Parmi les 162 personnes à bord de l'avion se trouvaient 155 Indonésiens, le copilote français Rémi Plesel, trois Sud-Coréens, un Britannique, un Singapourien et un Malaisien.

De son côté, l'avionneur européen Airbus a indiqué qu'il avait «apporté aux autorités indonésiennes tout le soutien et les expertises techniques demandées et étudiait le contenu détaillé du rapport et ses éventuelles recommandations».

Le rapport des enquêteurs indonésiens souligne également que les enregistreurs de vol n'ont pas indiqué que les conditions météorologiques avaient affecté l'appareil.

L'accident s'était produit dans la zone du pot-au-noir, une ceinture entourant la Terre près de l'Équateur où convergent des masses d'air chaudes et humides anticycloniques, particulièrement redoutée en raison de sa grande instabilité météorologique.

Des analystes avaient relevé peu après l'accident des similarités entre cet écrasement et celui de l'Airbus d'Air France qui assurait la liaison Paris-Rio (vol AF447) et s'était abîmé dans l'océan Atlantique le 1er juin 2009, tuant ses 228 occupants.

L'Airbus A330 d'Air France avait été pris en difficulté dans une tempête tropicale, au passage de la zone de convergence intertropicale, à forte densité de cristaux de glace. Les sondes Pitot, qui permettent de déterminer la vitesse de l'appareil, avaient été temporairement obstruées, l'appareil était monté trop vite et avait décroché avant de s'écraser en mer, au large du Brésil.

L'Indonésie a un piètre bilan en matière de sécurité aérienne. En août, un accident d'avion de ligne avait tué ses 54 occupants en Papouasie (est), et en juin, un autre écrasement avait fait 142 morts à Sumatra (ouest).