Des centaines de Brésiliens sont encore descendus dans les rues de Rio de Janeiro, hier, pour dénoncer une augmentation de 25 centimes du titre de transport en autobus. Ils estiment qu'ils n'obtiennent pas en retour un service de qualité.

Sur l'Avenida Presidente Vargas, l'une des plus importantes artères de Rio, Régis Oliveira distribue des tracts aux passagers des autobus, prisonniers d'une autre manifestation. «Descendez et venez manifester avec nous!», lance-t-il aux passagers.

Sur le pare-brise des autobus qui surchauffent sous les 40 degrés de cet été austral, une affiche arbore le nouveau tarif: R $ 3,00 (1,40 $ CAN). La  semaine dernière, c'était R $ 2,75 (1,25 $ CAN).

En tête de la manifestation, des centaines de personnes tiennent une énorme banderole presque aussi large que trois voies de circulation décriant l'augmentation.

En juin dernier, les villes de Rio et de São Paulo ont tenté d'augmenter le titre de transport en autobus, proportionnellement à l'inflation et à l'augmentation du prix de l'essence.

Mais les deux principales villes du pays ont dû reculer après que des millions de Brésiliens sont descendus dans la rue pendant des semaines pour clamer le ras-le-bol de leurs élus.

Le soccer d'abord

«Ils ne manifestent pas pour une simple augmentation de 25 centimes, affirme l'expert en mobilité urbaine Alexandre Rojas. Ils manifestent contre un amalgame d'injustices qui leur empoisonnent la vie.»

«Nous vivons dans un pays qui n'est pas en mesure de réaliser une Coupe du monde. Notre pays gaspille des milliards sur une compétition de soccer, alors que nos hôpitaux publics sont des porcheries où l'on meurt dans les salles d'attente. C'est pour ça que nous luttons pour un transport gratuit.», rage Oliveira, un pasteur baptiste.

Le gouvernement de Lula et celui de Dilma Rousseff, du même Parti des travailleurs, ont dépensé jusqu'à présent pas moins de 15 milliards de dollars pour l'organisation du Mondial. Un milliard et demi de dollars vient aussi d'être débloqué pour déployer l'armée afin d'assurer la sécurité durant l'événement.

«Ce sont les personnes qui gagnent le salaire minimum qui vont le plus souffrir de cette augmentation, soutient l'expert. Et ce sont elles qui en ont le plus marre. Non seulement leur salaire n'a-t-il pas augmenté, mais encore la plupart d'entre elles vivent en banlieue de Rio, là où le service de transport en commun est réellement déficient. Et c'est en grande partie à elles que l'on demande de payer plus.»