L'ancien président péruvien Alberto Fujimori, qui purge une peine de 25 ans de prison pour crimes contre l'humanité et corruption, se considère comme un prisonnier politique innocent, et ne montre aucun signe de repentir, a rapporté samedi le président de la Commission péruvienne des grâces présidentielles.

«Fujimori nous a déclaré qu'il se considérait comme un prisonnier politique et innocent, ce qui ne reflétait aucune forme de repentir», a déclaré le président de la Commission, Oscar Ayzanoa.

Il se référait à une rencontre en avril avec l'ancien président péruvien dans la prison où celui-ci purge sa peine de 25 ans pour homicides, torture et corruption commis sous ses mandats (1990-2000) dans le cadre de la lutte contre la guérilla maoïste du Sentier Lumineux.

Le rapport remis par la Commission que préside M. Ayzanoa a servi de base juridique à la décision de l'actuel président péruvien, Ollanta Humala, de refuser vendredi de gracier Alberto Fujimori.

Cette décision a mis un terme à une intense campagne en vue de sa libération, appuyée par ses sympathisants qui conservent une influence politique considérable au Pérou.

«Après avoir évalué le concept de repentance, spécialement pour délits de corruption et d'(atteintes) aux droits de l'homme, je suis arrivé à la conclusion de ne pas accorder la grâce», a déclaré le président Humala dans une conférence de presse au palais présidentiel.

Auparavant le ministre de la Justice, Daniel Figallo, avait indiqué que M. Fujimori, 74 ans, «ne souffrait ni d'une maladie en phase terminale, ni d'une maladie grave incurable et ne présentait pas non plus des troubles mentaux graves» justifiant la grâce présidentielle.

En octobre, les quatre enfants de M. Fujimori avaient officiellement demandé au président Humala la libération de leur père - décrit comme un homme âgé atteint d'un cancer - pour des raisons humanitaires.

Une commission médicale pénitentiaire composée de 12 médecins de diverses spécialités avait cependant conclu en mars qu'il ne présentait aucun symptôme de cancer.

La demande de grâce a rouvert de vieilles blessures au Pérou, où quelque 70 000 personnes ont été tuées dans les années 1980 et 1990 dans les affrontements avec le Sentier lumineux, vaincu au prix d'une violente répression par le gouvernement Fujimori.

L'ex-président avait finalement fui le Pérou pour le Japon, pays natal de ses parents, sur fond d'un énorme scandale de corruption, pour démissionner par fax depuis un hôtel de Tokyo à la fin 2000.

M. Fujimori ayant obtenu la nationalité japonaise, le Pérou a passé des années à tenter en vain de convaincre Tokyo de l'extrader. Après une longue bataille juridique, c'est finalement le Chili, où il s'était rendu en 2005, qui avait extradé M. Fujimori en septembre 2007.