«Nous avons reçu la nouvelle la plus éprouvante et la plus tragique que nous puissions annoncer à notre peuple», a déclaré hier, la voix nouée par l'émotion, le vice-président du Venezuela Nicolas Maduro, lorsqu'il a annoncé aux Vénézuéliens que leur président avait perdu son combat contre le cancer.

Hugo Chavez, 58 ans, s'est éteint à 16h25, heure locale, dans un hôpital militaire de Caracas où il luttait pour sa vie depuis près de deux semaines, mettant fin à un règne présidentiel de 14 ans.

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Dans les minutes qui ont suivi l'annonce à la télévision nationale, des centaines de personnes sont descendues dans la rue, photos du défunt à la main, pour le pleurer.

«Nous l'aimons, s'est exclamé un de ses partisans en larmes, qu'il repose en paix.»

Presque au même moment, près de la Plaza de la Candelaria, les commerces et restaurants fermaient leurs portes et renvoyaient leurs employés à la maison.

«Nous craignons une émeute, lance le propriétaire d'un restaurant, et comme nous ne pouvons pas faire confiance à la police, il vaut mieux fermer et se barricader.»

Malgré les appels au calme lancés par le vice-président, le gouvernement a déployé la police et l'armée partout au pays, craignant des affrontements.

À la tombée de la nuit, les rues du centre-ville étaient désertes, la totalité des transports publics a cessé de fonctionner; quelques cris de désespoir retentissaient de temps à autre de la part de partisans, qui déambulaient avec des banderoles et des photos d'El Commandante.

Devant l'hôpital militaire où Hugo Chavez était soigné, des centaines de personnes se sont rassemblées, scandant «Chavez au Panthéon! Nous sommes tous Chavez», reprenant le slogan que le Parti socialiste avait lancé il y a plusieurs semaines.

Froideur chez les opposants

Les partisans de l'opposition n'ont pas vraiment été surpris ou émus par la mort d'Hugo Chavez.

«C'est ce qui allait arriver. Tout le monde le savait, mais personne n'osait trop parler de peur de représailles», lance une passante qui a requis l'anonymat.

D'autres y voient un espoir de changement, dans un pays complètement polarisé entre partisans et opposants.

«C'est un changement, mais nous n'avons aucune idée de ce qui va suivre», dit un homme à la sauvette. «J'espère que nous arriverons à une prise de conscience collective et que quelqu'un chose de positif va en ressortir», conclut-il, en pressant le pas pour rentrer chez lui.

Les autorités ont décrété sept jours de deuil et des funérailles nationales auront lieu vendredi.

Entre-temps, le vice-président Nicolas Maduro assumera l'intérim, a annoncé le ministre des Affaires étrangères, jusqu'au déclenchement d'élections dans 30 jours, comme le stipule la Constitution du pays.

Le candidat de l'opposition Henrique Capriles, qui affrontera vraisemblablement le vice-président Nicolas Maduro, a appelé les Vénézuéliens à l'unité dans ce moment de haute tension, en assurant la famille du défunt de sa solidarité.

Chavez en quelques dates

1982 Participe à la formation d'un groupe de militaires qui s'inspirent de Simon Bolivar.

1992 Participe à un putsch militaire raté qui lui vaut deux ans de prison.

1998 Élu président avec 56% des voix.

2002 Déjoue une tentative de coup d'État appuyée par les États-Unis.

2006 Réélu président avec 63% des voix.

2009 Remporte un référendum abolissant la limite de deux mandats présidentiels.

2011 et 2012 Subit des traitements à Cuba pour un cancer.

2012 Remporte de nouveau l'élection présidentielle avec 55% des voix devant un unique candidat de l'opposition, Henrique Capriles Radonsky.

2013 Caracas annonce que Chavez est de retour au Venezuela, dans un hôpital militaire.

5 MARS 2013 Le vice-président du Venezuela, Nicolas Maduro, annonce qu'Hugo Chavez est mort à 16h25.