La tournée européenne de relations publiques de Joe Oliver se termine comme elle a commencé: le ministre canadien des Ressources naturelles a défendu les sables bitumineux, certes, mais en plus, il a été contraint de justifier sa réaction aux critiques.

Au cours d'une conférence téléphonique qu'il a accordée depuis Londres, vendredi, Joe Oliver a balayé du revers de la main les allégations voulant qu'Ottawa orchestrait ce type de mission environnementale et économique à l'étranger en désespoir de cause.

«Je ne qualifierais pas cela de désespéré», a lancé le ministre au sujet des récents voyages effectués par les émissaires du gouvernement conservateur, avec l'objectif de faire la promotion du pétrole issu des sables bitumineux.

Même Stephen Harper sera mis à contribution: la semaine prochaine, le premier ministre mettra le cap sur New York pour défendre le projet d'oléoduc Keystone XL,@ qui assurerait le transport du pétrole issu des sables bitumineux de l'Alberta jusqu'aux raffineries du golfe du Mexique.

Mais en fait, selon le ministre Oliver, ce sont les opposants à l'exploitation du sable bitumineux qui semblent commencer à paniquer. «Il est assez clair que les opposants commencent à être désespérés, ce qui explique  le ton aigu, les hyperboles et les exagérations de certains», a-t-il plaidé.

Les décideurs européens planchent actuellement sur un projet de directive de qualité sur les carburants. Celui-ci pénaliserait les sables bitumineux - jugés trop polluants - et favoriserait les autres formes de brut.

Et du côté des États-Unis, l'administration Obama doit décider, au cours des prochains mois, si elle donnera le feu vert au projet Keystone XL.

Ces deux décisions sont jugées cruciales par les conservateurs, car il en va de l'accès aux marchés internationaux pour l'industrie énergétique canadienne. Le gouvernement Harper a donc multiplié les missions de lobbying à l'étranger en conséquence.

La semaine prochaine, le ministre de l'Environnement Peter Kent se rendra lui aussi en Europe, tout comme l'a fait son collègue aux Ressources naturelles, Joe Oliver.

Ce dernier est rentré vendredi d'un voyage outre-Atlantique l'ayant mené en Israël, en Belgique, en France et en Grande-Bretagne.

Il avait pour mission d'inciter l'Europe à ouvrir ses portes au pétrole issu des sables bitumineux, mais en plus de cela, il en a profité pour s'attaquer aux critiques de la ressource.

Selon le ministre Oliver, ceux-ci exagèrent l'impact de l'exploitation des sables albertains sur les émissions de gaz à effet de serre et ne réalisent pas à quel point le monde a besoin du pétrole canadien.

Dans des interventions visant à assurer un accès aux marchés internationaux pour le pétrole canadien, Joe Oliver a tenté de contrecarrer les projets du Parlement européen, qui projette d'imposer une taxe sur le bitume canadien en raison de ses émissions de gaz à effet de serre.

Le ministre a été invité à revenir sur ses commentaires indiquant que le Canada pourrait traîner l'Union européenne devant le tribunal de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Il a cependant soutenu qu'il ne s'agissait pas là d'une menace, faisant plutôt valoir que ces propos visaient à illustrer qu'Ottawa pourrait opter pour cette voie en dernier recours.

Il ne s'agit pas de la première offensive signée Joe Oliver. Le mois dernier, il s'en est pris à un scientifique quantiste américain et à l'ancien vice-président Al Gore, qualifiant leurs critiques sur les sables bitumineux d'«inexacts» et d'«exagérés».