La Conférence internationale sur le climat s'ouvre officiellement aujourd'hui à Paris, entourée de mesures de sécurité extrêmes, un peu plus de deux semaines après les attentats qui ont ensanglanté la Ville Lumière. L'avenir climatique de la planète se joue à Paris, alors que la menace terroriste guette. Quelques points de repère.

LA CONFÉRENCE DE LA DERNIÈRE CHANCE

Près de 150 dirigeants et représentants de 195 pays, plus ceux de l'Union européenne, se réunissent à Paris jusqu'au 11 décembre dans l'intention de parvenir à un accord universel contraignant, limitant le réchauffement climatique à 2 °C. On attend plus de 40 000 participants au Bourget, là se où se tiendront les activités de la COP21. Le texte de cet accord doit remplacer celui du protocole de Kyoto. Les déceptions des dernières conférences, notamment celle de Copenhague, en 2009, font dire à nombre de personnes qu'il s'agit de la conférence de la dernière chance pour l'avenir climatique de la planète.

LE BOURGET, ZONE INTERNATIONALE

La COP21 se tient au Parc des expositions Le Bourget, à 10 km au nord de Paris. Pour cet événement, l'endroit deviendra une enclave internationale sous le contrôle des Nations unies, un peu comme une ambassade. Ce sont donc les Casques bleus de l'ONU qui s'occupent de la sécurité, ainsi que 2800 policiers et gendarmes français.

MESURES DE SÉCURITÉ EXTRÊMES

Paris ayant connu les pires attentats de son histoire le 13 novembre, la sécurité sera renforcée de façon inédite. C'est 120 000 membres des forces de l'ordre, policiers, gendarmes et militaires, qui sont mobilisés pour l'occasion. À peu près tous les effectifs de la France sont déployés sur le territoire. À l'entrée du site, les fouilles sont nombreuses et des centaines de journalistes n'ont pu être accrédités dans les dernières semaines. De plus, jusqu'au 13 décembre, la vente de produits inflammables est interdite dans les commerces.

L'ÉTAT D'URGENCE ET LA MOBILISATION CITOYENNE

Pour des raisons de sécurité, les manifestations et les rassemblements sont interdits jusqu'à nouvel ordre à Paris depuis les attentats, puisque l'état d'urgence a été déclaré. D'une certaine façon, l'une des victimes «collatérales» de Daesh est la mobilisation citoyenne, organisée de longue date en marge de la COP21, où l'on prévoyait tenir de plus grandes actions de désobéissance civile par de multiples organisations solidaires. Afin d'éviter les «troubles à l'ordre public», les assignations à résidence ne touchent pas seulement les individus soupçonnés de radicalisation religieuse, mais aussi quelques militants considérés comme radicaux. «L'état d'urgence, il est climatique, il n'est pas sécuritaire», scandaient des militants, place de la République, qui ont décidé de braver l'interdit de rassemblement. Tous craignent une «dérive sécuritaire».

CHAUSSURES ET ÉCHAUFFOURÉES

Autour de la statue de Marianne, place de la République, devenue un monument à la mémoire des victimes des attentats, les slogans écologistes se sont ajoutés aux condoléances, hier. La Marche pour le climat, qui devait rassembler 300 000 personnes, a été annulée en raison de l'état d'urgence. En riposte, les militants ont installé 10 000 chaussures sur la place, comme symbole de cette marche avortée. Contournant l'interdiction de manifester, des milliers de personnes ont fait une chaîne humaine boulevard Voltaire, entre les places de la République et de la Nation. Dans l'après-midi, des affrontements entre militants d'extrême gauche et policiers ont éclaté, avec pour résultat une centaine d'interpellations. «C'est l'état de siège, c'est lamentable», déploraient les gens sur place. François Hollande et Manuel Valls ont condamné de leur côté le fait que les bougies et autres objets déposés à la mémoire des victimes aient été utilisés comme projectiles contre les forces policières.

PARIS PARALYSÉ

En plus du cauchemar sécuritaire, il y a le cauchemar du déplacement dans Paris et ses environs pour l'ouverture de la COP21. Plusieurs axes routiers sont fermés. Les Franciliens ont été invités à ne pas utiliser leur voiture hier et aujourd'hui, et à préférer les transports en commun, gratuits pendant deux jours. Mais, craignant une congestion, on a paradoxalement aussi demandé aux citoyens de ne pas utiliser les transports en commun! Bref, Paris, pourtant habitué aux bouchons de circulation, vivra une grande perturbation lors du retour au travail ce matin.