Les chefs d'État du monde entier ont appelé lundi à une action urgente contre le réchauffement climatique, mais les lignes de fractures qui divisent pays du Nord et du Sud sont vite réapparues, lors du plus grand sommet réuni par l'ONU, à Paris, au premier jour de la conférence climat.

À l'ouverture de cette grand-messe pour la planète, les 150 dirigeants dont l'Américain Barack Obama, le Chinois Xi Jinping, le Japonais Shinzo Abe et le Français François Hollande ont observé une minute de silence après les attentats récemment perpétrés dans plusieurs pays, dont la France.

La lutte contre le terrorisme et la lutte contre le changement climatique sont «deux grands défis mondiaux que nous devons relever», a souligné François Hollande à la tribune de la conférence qui se tient au Bourget (nord de Paris).

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«Nous devons (à nos enfants) une planète préservée des catastrophes», a-t-il insisté, soulignant que la COP21 est «un immense espoir que nous n'avons pas le droit de décevoir»: «il s'agit de décider ici à Paris de l'avenir même de la planète».

La conférence est censée accoucher pour le 11 décembre du premier accord universel permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre, pour limiter le réchauffement à + 2 °C par rapport à l'ère préindustrielle.

«Le plus grand rassemblement de chefs d'État sous le même toit la même journée», a été salué dans un tweet par la responsable climat de l'ONU, Christiana Figueres.

Barack Obama, à la tête du deuxième pollueur mondial (après la Chine), a appelé ses pairs à «être à la hauteur» de l'enjeu, rejetant l'argument selon lequel la lutte contre le changement climatique serait une mauvaise nouvelle pour l'économie.

«Nous avons prouvé qu'il n'y a plus de conflit entre croissance économique forte et protection de l'environnement», a-t-il lancé.

«Lignes rouges»

Se succédant à la tribune, tous les dirigeants, chargés de donner une impulsion politique aux négociations, ont redit l'importance de la lutte contre le réchauffement.

De la Brésilienne Dilma Rousseff annonçant des mesures de reboisement au Russe Vladimir Poutine appelant à «un accord contraignant et équitable».

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exhorté l'assemblée à ne pas s'en tenir à des «demi-mesures» : «Vous ne pouvez pas vous permettre d'être indécis, de prendre des demi-mesures (...) L'histoire vous interpelle, je vous exhorte à répondre avec courage et vision».

Les leaders du monde se sont juste interrompus pour une heure d'un déjeuner «durable et gastronomique» composé de soupe de navet, suprême de volaille et gâteau Paris-Brest, concocté par cinq grands chefs français

Les négociations s'annoncent ardues, car tous les pays ont leurs «lignes rouges». Et les fractures n'ont pas tardé à réapparaître, en particulier sur le partage des responsabilités entre pays industrialisés, émergents et en développement. Et les conséquences financières qui en découlent.

Les pays développés doivent «assumer leurs engagements» à financer les politiques climatiques du Sud, a prévenu le président chinois Xi.

Les pays développés doivent «assumer plus de responsabilités» et les pays en voie de développement doivent être «autorisés à se développer», a aussi dit le premier ministre indien Narendra Modi dans une tribune du Financial Times.

Ce week-end, de nombreuses marches dans le monde avaient réuni plusieurs centaines de milliers de manifestants qui ont réclamé «un accord climatique fort».

La planète se réchauffe à une vitesse inédite, sous l'effet des émissions issues de la combustion des énergies fossiles, mais aussi des modes de production agricole et d'une déforestation record.

Du Pakistan aux îles du Pacifique, de la Californie aux vignobles du Bordelais en France, le climat déréglé bouleverse des régions entières : canicules, sécheresses, côtes grignotées par la mer...

Au-delà de +2 °C, les scientifiques redoutent un emballement : cyclones à répétition, chute des rendements agricoles, submersion de territoires, de New York à Bombay...

En vue de la conférence de Paris, 184 pays (sur 195) ont publié des plans de réduction de leurs émissions, une participation inespérée qui place cependant encore le monde sur une trajectoire de +3 °C.

Cette journée est aussi rythmée par de nombreuses rencontres bilatérales, comme celle entre Obama et Poutine.

Il n'y aura cependant pas de rencontre entre le président russe et le Turc Recep Tayyip Erdogan alors que la tension est maximum entre les deux pays.

Ce sommet aura en tout cas donné l'occasion à l'Israélien Benyamin Nétanyahou et au Palestinien Mahmoud Abbas de se serrer la main en public pour la première fois depuis longtemps.

LA COP21 EN TROIS CITATIONS