Les négociateurs de l'ONU ont décidé vendredi à Bonn de donner un coup d'accélérateur aux pourparlers sur le climat, toujours enlisés à trois mois de la conférence de Paris, en proposant en octobre un texte de négociation «cohérent» et «concis».

Les deux coprésidents, l'Américain Daniel Reifsnyder et l'Algérien Ahmed Djoghlaf, se sont dits «disposés» à s'atteler à la rédaction de ce nouveau document au cours de leur ultime rendez-vous du 19 au 23 octobre.

Les représentants de 195 pays doivent se retrouver du 30 novembre au 11 décembre au Bourget, près de Paris, afin d'essayer de sceller un accord mondial pour limiter le réchauffement climatique à deux degrés par rapport à l'ère préindustrielle.

Les pays auront en octobre «la base de négociation qu'ils n'ont pas eue jusqu'à présent», a assuré M. Djoghlaf à la presse. «Fondé sur les positions qui se sont exprimées ici», à Bonn, il sera «cohérent, concis et complet», a-t-il promis.

«J'espère que nous serons en mesure de faire la prochaine fois quelque chose qui sera une meilleure base» de négociation, permettant aux pays d'«aller plus loin» et de «négocier sur le fond», a renchéri M. Reifsnyder.

Ils ont aussi annoncé qu'un «comité de rédaction» regroupant des représentants de tous les pays serait créé et se réunirait dès le premier jour de la prochaine session (19-23 octobre).

Depuis lundi, de nombreux délégués avaient exprimé leur frustration devant la lenteur des discussions et, pour certains, critiqué le texte négocié, encore loin de ressembler à un projet d'accord pour la conférence de Paris.

Il se contente en effet de recenser les questions en suspens et de dresser la liste des options, souvent contradictoires, proposées par les pays.

Changer radicalement de rythme

M. Djoglhlaf a admis qu'il s'agissait pour l'instant d'une «compilation améliorée» des positions de chacun et s'est dit «partisan de la politique des petits pas» qui, a-t-il dit, «a montré qu'elle était la bonne».

Pour la négociatrice française Laurence Tubiana, la session a «été très importante», permettant à chaque pays de connaître la position des autres. «Maintenant, à partir de là, nous devons assembler toutes les pièces de ce puzzle» pour avoir une «vision globale claire» en octobre.

Les divergences restent profondes sur plusieurs sujets, notamment sur la répartition de l'effort pour limiter les émissions de gaz à effet de serre entre pays riches, émetteurs historiques, et les pays pauvres et émergents.

«Nous avons vu cette semaine un nombre croissant de zones de convergence, mais il est évident qu'un changement radical de rythme est maintenant nécessaire», a souligné la négociatrice de l'Union européenne Elina Bardram.

Pour Jennifer Morgan, du World Resources Institute, «à Bonn, les pays ont fait des progrès importants dans la définition de l'architecture de l'accord» de Paris.

«Les négociateurs ont eu des discussions importantes sur des éléments clés» comme un éventuel mécanisme prévoyant de revoir régulièrement à la hausse les engagements des pays en matière de gaz à effet de serre, a-t-elle précisé.

Maintenant, ils «doivent faire avancer les choses, au cours des nombreuses réunions de ministres et de chefs d'État» prévues pour avant octobre, a-t-elle souligné.

Dans la foulée de la session de Bonn, une nouvelle réunion ministérielle informelle, réunissant les représentants d'une cinquantaine de pays, doit se dérouler à Paris les 6 et 7 septembre.

«Ces discussions informelles sont très utiles», mais «il n'y a pas de traduction directe» des avancés réalisées dans ce cadre dans le processus de négociation, a souligné M. Reifsnyder.

D'autres rencontres internationales suivront, notamment une rencontre entre M. Ban Ki-moon et des chefs d'État le 27 septembre à New York, les assemblées de la Banque mondiale et du FMI en octobre à Lima et des rencontres bilatérales entre dirigeants de premier plan.

Une étude parue mercredi est venue rappeler l'urgence d'agir et d'intensifier les efforts. Les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre annoncés jusqu'à présent par les pays ne suffiront pas pour freiner la hausse du thermomètre, plaçant le réchauffement sur une trajectoire «bien supérieure» à deux degrés.