Il est au moustique commun ce que le rottweiler est au chihuahua. Faisant près de 20 fois le gabarit de ses semblables, le Psorophora ciliata, un gros maringouin dont la présence a été signalée au Québec, inflige en prime à ses proies des piqûres singulièrement douloureuses. «Ça fait très mal, comme une aiguille qui vous transperce le bras... Je peux vous le confirmer!», lance l'entomologiste Phil Kaufman, de l'Université de la Floride, qui a été victime du diptère pendant qu'il s'affairait à identifier d'autres espèces d'insectes dans le cadre de travaux scientifiques.

Dès la naissance, le Psorophora ciliata se distingue d'autres espèces de moustiques qui se nourrissent essentiellement de bactéries et de végétaux. «C'est un prédateur d'autres larves de moustiques, y compris des larves de sa propre espèce», explique Richard Vadeboncoeur, biologiste chez GDG Environnement, entreprise trifluvienne spécialisée en contrôle biologique d'insectes piqueurs.

Originaire du sud et de l'est des États-Unis, le Psorophora ciliata est présent au Québec et en Ontario. «C'est une espèce encore peu répandue, mais nous avons pu en trouver quelques spécimens dans ces deux provinces», confirme le biologiste. Ces insectes se seraient déplacés graduellement du sud vers le nord des États-Unis, puis au Québec et en Ontario.

«Nous sommes dans la limite nordique de son aire de distribution. Par contre avec le réchauffement climatique, on pourrait en observer davantage, comme c'est le cas pour d'autres insectes au Québec», estime le biologiste.

Éclosion favorisée

Les tempêtes tropicales qui ont frappé les États-Unis l'été dernier, dont Debby, en Floride, ont favorisé une éclosion plus grande chez cet insecte vorace. «Les oeufs de ces moustiques peuvent tolérer la sécheresse pendant plusieurs années, mais ont besoin d'eau pour éclore. Lorsqu'il y a des précipitations importantes, cela se répercute donc directement sur sa population», explique M. Kaufman.

Si les mâles se nourrissent notamment de nectar, les femelles préfèrent quant à elles le sang des mammifères. Elles n'auraient toutefois pas la délicatesse d'anesthésier leurs proies, comme certaines de leurs semblables. Elles seraient aussi particulièrement gourmandes.

«Elles font environ la taille d'une pièce de 25 cents et nécessitent plus de sang que d'autres espèces de moustiques plus petites», explique Richard Vadeboncoeur.

Contrairement à d'autres espèces de moustiques qui piquent à plusieurs reprises leurs victimes animales et humaines, et risquent ainsi de transmettre des maladies comme le virus du Nil, le Psorophora ciliata ne serait pas un vecteur important de maladies.