L'économie est rapidement revenue à l'avant-plan de la campagne électorale, du moins au Canada anglais.

Les chefs des trois principaux partis fédéralistes font campagne en Ontario, en Colombie-Britannique et en Alberta ces jours-ci, préparant la table pour un débat demain soir, à Calgary, sur la situation économique au pays. Organisé par le Globe and Mail, cet événement en anglais seulement offre une nouvelle formule pour les élections fédérales en se concentrant sur un seul thème. Il n'y aura pas d'équivalent au Canada français, les débats de TVA et du consortium Radio-Canada/Télé-Québec/La Presse touchant, comme le veut la tradition, à tous les sujets.

Malgré tout, le thème de l'économie a tout pour plaire ces jours-ci: les chefs parlent presque uniquement de cette question depuis quelques jours, après s'être entre-déchirés sur l'enjeu des réfugiés syriens pendant plus d'une semaine.

Le chef conservateur Stephen Harper a repris du poil de la bête en recentrant sa campagne autour du slogan «Protéger notre économie» en fin de semaine. Du coup, l'aspect de la lutte contre le terrorisme, au coeur de la stratégie conservatrice lors du déclenchement des élections, a été relégué au second rang.

Même si le pays est officiellement en récession, Stephen Harper s'est accroché au fait que l'économie a connu une période de croissance en juin. Depuis lundi, il met l'accent sur le fait que le Canada a connu un surplus budgétaire de 1,9 milliard l'an dernier. Il y a des doutes sur la santé des finances fédérales à l'heure actuelle, à la suite de la déconfiture du secteur énergétique, mais cela n'empêche pas les conservateurs de vanter leur bilan et d'attaquer leurs adversaires.

Stephen Harper passe de plus en plus de temps sur le terrain à évoquer les fantômes des anciens gouvernements néo-démocrates de la Colombie-Britannique et de l'Ontario, décriant la tendance du NPD à hausser les taxes, produire des déficits et augmenter les dépenses.

Ce message n'a pas la même résonance au Québec, qui n'a jamais eu un tel gouvernement. Mais avant tout, les conservateurs tentent en ce moment de sauver les meubles dans l'Ouest et en Ontario.

C'est là que le NPD, à la surprise générale, se positionne comme le parti de la rigueur fiscale. Thomas Mulcair a de grands projets pour le Canada, dont un coûteux programme national de garderies subventionnées, comme au Québec. Tout cela devra être payé à même le cadre financier actuel, insiste-t-il tous les jours, rejetant l'idée de revenir en déficit, même si l'austérité n'est pas la marque de commerce de son parti.

Justin Trudeau et les libéraux ne s'en plaignent pas. Il peut être difficile de se distinguer sur le terrain de l'économie si tout le monde offre les mêmes remèdes pour stimuler la croissance et créer des emplois.

Les libéraux sont maintenant les seuls à préconiser un retour à l'ère des déficits pour une durée de trois ans afin de financer leurs promesses, dont un mégaprogramme d'infrastructures.

Les libéraux font le pari que la question de l'économie pourrait jouer en leur faveur d'ici le 19 octobre. Les chiffres sont encourageants pour eux en Ontario depuis le début de la campagne. Si cela continue après le débat de jeudi, les stratèges du parti espèrent que les Québécois réévalueront leur appui massif au NPD et penseront à voter pour leur parti, si le reste du Canada se range derrière Justin Trudeau.

Il y a un vent de changement au pays, et Justin Trudeau peut maintenant se vanter que sa politique économique est celle qui offre le contraste le plus clair avec celle des conservateurs, mais aussi, depuis peu, du NPD.