L'auteur réagit à l'éditorial « Incompétence radioactive », de Paul Journet, publié le 25 juillet.M. Journet,J'ai lu avec grand intérêt votre éditorial sur la saga uranifère entre Strateco et le gouvernement du Québec.

Vous avez raison de souligner que Strateco a franchi avec succès toutes les étapes pour obtenir son permis d'entreprendre les travaux d'exploration avancée de son projet Matoush, qui est par ailleurs situé sur des terres publiques de catégorie III selon la Convention de la Baie-James et du Nord québécois.

Après examen, les organismes chargés de l'évaluation du projet, le COFEX au fédéral et le COMEX au provincial, dans lesquels la communauté crie a des représentants, ont fait des recommandations favorables, tant au regard du respect de l'environnement que du mode de vie traditionnel cri, qui ont conduit à des autorisations de la part du ministre fédéral de l'Environnement et de l'Administrateur fédéral, dès avril 2012. Le COMEX, comme vous l'avez noté, avait recommandé dans son rapport, daté du mois d'août 2011, qu'une entente écrite soit conclue avec la communauté crie de Mistissini.

Cette demande était inconnue de Strateco puisque le rapport du COMEX, et cette recommandation en particulier, ne nous avait jamais été communiqué. Pour rappel, les Cris ont pris l'initiative de rendre le rapport public en octobre 2012, suppléant à l'inaction du gouvernement du Québec. Pour autant, les autorités cries de Mistissini et Strateco ont signé en décembre 2011 une entente de coopération active initialement prévue pour toute la durée du programme d'exploration de quatre ans, jugée pleinement satisfaisante par les parties et considérée de même par les autorités fédérales.

PARTAGE DE LA RICHESSE

Il ne faut pas s'arrêter au titre de l'entente pour en saisir toute l'étendue de son contenu. Strateco, contrairement à ce que vous affirmez, n'a jamais été contre le partage de la richesse économique avec les communautés crie et jamésiennes. Cette façon de faire fait consensus depuis de nombreuses années. Selon les us et coutumes, une entente formelle de cette nature intervient lorsque les paramètres financiers et économiques sont connus avec la publication de l'étude de faisabilité, qui intervient après la finalisation du programme d'exploration, ce que Strateco projetait de faire grâce au programme d'exploration avancée pour lequel elle s'est vu refuser son certificat d'autorisation par le gouvernement du Québec.

Normalement, le gouvernement du Québec aurait dû faire connaître sa décision au même moment que les autorités fédérales et avant que la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) n'entame l'étude technique et les audiences publiques qui ont conduit à l'émission de la licence, le 16 octobre 2012. Le gouvernement du Québec a plutôt préféré attendre la décision de la CCSN.

Strateco a agi comme un bon citoyen corporatif en respectant à la lettre les processus d'évaluation très rigoureux en vigueur prévus dans la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, les lois et règlements en vigueur.

Est-ce faire preuve d'arrogance que de s'acquitter sans défaillir de ses obligations ? Je crois tout au contraire que Strateco a fait preuve du plus grand respect.

Le BAPE sur la filière uranifère québécoise, qui fait allusion sur trois maigres pages (p. 323-325) au projet de Strateco, n'a rien su trouver et retourne le gouvernement à ses devoirs en l'encourageant à trouver l'astuce qui lui permettrait de faire fi de ses propres lois sans avoir à en assumer les conséquences.

Les actionnaires de Strateco, des particuliers, des fonds de pension et de dotation d'ici et d'ailleurs, ont investi pour la seule phase d'exploration la somme faramineuse de 144 millions pour développer ce projet. Comme il se doit, nos actionnaires ont accepté les risques associés à l'exploration minière, mais qu'on ne leur demande pas sans mot dire de faire les frais de l'impéritie du gouvernement du Québec. Ça ne se produira pas. Nos régions‐ressources n'ont pas à en faire les frais non plus. Le Québec est un État de droit, que son gouvernement en prenne acte.