J'ai récemment envoyé une lettre au ministre du Commerce, Ed Fast, en prévision des réunions ministérielles sur le Partenariat transpacifique (PTP) qui se tiendront à Maui la semaine prochaine. J'incite fortement nos négociateurs à résister aux pressions exercées par les États-Unis et la Nouvelle-Zélande pour démanteler le système canadien de gestion de l'offre des produits laitiers.

Les négociations du PTP tirent à leur fin et de sensibles questions liées à l'agriculture ne peuvent plus être reléguées au second plan. Les gagnants et les perdants pourraient très bien être déterminés par les gouvernements qui acquiescent aux demandes les plus déraisonnables de leurs partenaires de négociation et par ceux qui persistent à défendre les normes et les valeurs qui ont une incidence directe sur de larges pans de leur propre population.

Il n'est pas exagéré d'affirmer que, lorsque les négociateurs se réuniront à huis clos à Maui, le Canada subira de fortes pressions de la communauté internationale pour abandonner son système de gestion de l'offre des produits laitiers et, ce faisant, laisser pour compte les agriculteurs, les collectivités et les travailleurs industriels du Canada.

En résistant à ces pressions, M. Fast et son équipe pourront prendre la défense de bien plus que notre industrie laitière et notre souveraineté.

Le Canada pourra ainsi envoyer un signal fort à la planète entière que l'actuel modèle de « libre-échange » ne fonctionne plus et que la démocratie importe avant tout.

Il faut tenir compte du contexte qui pousse les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et d'autres nations à vouloir nous faire abandonner notre approche efficace de longue date, alors que ces nations tentent désespérément de conclure un accord décousu. La dernière année a été marquée par une baisse considérable de la demande mondiale de produits laitiers et des prix de ces produits, en raison - du moins en partie - du ralentissement de l'économie chinoise. Par conséquent, les stocks de produits laitiers ont stagné, particulièrement en Nouvelle-Zélande, où ils représentent une part considérable du PIB. Résultat, le conglomérat laitier monopolistique de la Nouvelle-Zélande, Fonterra, a récemment annoncé des mises à pied massives. Le modèle Fonterra - Nouvelle-Zélande n'en est pas un auquel les intérêts laitiers et agricoles du Canada doivent être exposés davantage.

De façon ironique, alors que les négociateurs serraient la vis au Canada, la Nouvelle-Zélande (parfois qualifiée d'« Arabie saoudite du lait ») a adopté dès le départ une approche du « tout ou rien » dans les négociations concernant les produits laitiers. Une telle méthode sert bien les intérêts immédiats de la Nouvelle-Zélande, mais elle nuit à tous ses partenaires commerciaux. Ces accords commerciaux de très grande portée, négociés derrière des portes closes et dont les produits laitiers ne représentent qu'un seul volet symbolique et important, ne fonctionnent pas. De tels cadeaux aux entreprises ne bénéficient en rien aux agriculteurs ou aux travailleurs industriels du Canada, de la Nouvelle-Zélande et des autres pays de la planète.

Le système de gestion de l'offre fonctionne et représente un mécanisme qui doit être protégé. En restant campé sur sa position, le Canada peut paver la voie à ce que la population mondiale découvrira une fois que le projet de PTP sera dévoilé à la planète entière : une odeur de lait caillé.