La Journée mondiale de lutte contre le VIH/sida avait pour thème «Objectif zéro: zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination, zéro décès lié au sida». La barre est haute quand on pense que nos jeunes n'entendent presque plus parler des ITSS (infections transmises sexuellement et/ou par le sang) et du VIH dans notre société, notamment à l'école.

Il y a maintenant plus de 10 ans que les cours d'éducation sexuelle ont été retirés des écoles du Québec. Avec la «belle» réforme scolaire, l'éducation sexuelle est devenue une «discipline interdisciplinaire» mise entre les mains de tout le corps professoral, qui n'a reçu que peu voire aucune formation sur la matière.

Ce sont les enseignants qui en ont déjà plein les bras qui sont chargés de parler à leurs élèves du sujet aussi important que complexe qu'est la sexualité. Si plusieurs d'entre eux craignent de ne pas posséder suffisamment de connaissances sur le sujet, d'autres ne savent pas quelle attitude adopter face à des questions délicates et controversées.

Des questions et des commentaires sur la sexualité peuvent être source de nombreux malaises dans une classe. S'il est un sujet qui demande beaucoup de tact et de doigté pour l'aborder, c'est bien la sexualité. Bien que très présente dans la société, elle reste encore taboue parce qu'elle touche l'intimité de tout le monde.

Si une enseignante affirme devant sa classe qu'il est possible de devenir enceinte en pratiquant la sodomie - c'est un triste exemple, mais tout à fait véridique! -, il est alarmant de constater la quantité d'aberrations et de mythes enseignés aux jeunes. Comment démythifier la sexualité avec les jeunes quand certains enseignants ont du mal à le faire? Il apparaît capital que les enseignants aient accès à une formation adéquate sur le sujet.

Demandez aux jeunes ce qu'ils savent des ITSS et du VIH et vous serez étonnés de constater l'état désastreux de leurs connaissances. De nombreux jeunes ne savent pas ce que sont les ITSS et le VIH.

De plus, plusieurs adolescentes croient que la pilule contraceptive les protège des ITSS et du VIH et que les fellations ne constituent pas des relations sexuelles. Plusieurs jeunes ne pensent pas qu'il est possible de contracter une ITSS en pratiquant l'amour oral. Plusieurs sont d'avis qu'ils peuvent facilement guérir d'une ITSS et du VIH parce qu'il existe des antibiotiques et des vaccins et que plus personne ne meurt du VIH de nos jours. En outre, certains croient aussi que le vaccin contre le VPH (virus du papillome humain) les protège de toutes les ITSS et du VIH.

Depuis l'automne 2008, le gouvernement finance la vaccination des jeunes filles à l'école pour prévenir la contraction du virus du papillome humain (VPH) qui peut se développer en cancer du col de l'utérus. Cependant, il n'injecte pas d'argent dans les cours d'éducation sexuelle. Faute de moyens financiers, on préfère prévenir une ITS en donnant un vaccin au lieu de faire appel au jugement critique des jeunes pour se protéger contre celle-ci.

Dans les cours de biologie au secondaire, on parle d'anatomie, de la puberté et on semble aborder la sexualité de façon mécanique. Malheureusement, tout le côté relationnel de la sexualité, comme les relations hommes/femmes, les stéréotypes sexuels, l'estime de soi, l'intimité et le respect, semble être mis de côté.

Pour pallier leur manque d'information sur la sexualité, les jeunes se tournent vers la pornographie sur l'internet. Celle-ci renvoie une vision déformée de la réalité et crée des mythes et une anxiété de performance chez plusieurs d'entre eux. Et rares sont les acteurs qui utilisent le préservatif dans les films pornographiques. Comme nos jeunes n'ont pas appris à utiliser leur jugement critique en regard de la pornographie, ils ont tendance à vouloir imiter les modèles d'acteurs pornographiques.

Ce n'est pas un hasard si, depuis 10 ans, on assiste à une hausse flagrante des ITSS comme la chlamydia, la gonorrhée et la syphilis.