Il y a du bon et du très bon pour Montréal, dans la composition du conseil des ministres.

La présence d'une majorité de députés provenant de la région est certainement une bonne nouvelle. Avec 12 députés de l'île et quatre des banlieues, le moteur économique de la province est bien représenté.

Quant au très bon, il s'agit de la décision de confier les Transports à un élu de Montréal, et plus encore, de faire du titulaire des Transports... le responsable de Montréal.

Il est certes dommage que le premier ministre Couillard ait séparé les Transports et les Affaires municipales, mais il se rattrape ainsi de belle façon en combinant Montréal et sa priorité du moment, le transport. Une synergie bienvenue dans le contexte actuel.

À court terme, Robert Poëti devra oeuvrer à l'adoption du projet de loi sur l'inspecteur général. À long terme, il devra travailler sur la «Loi sur Montréal». Mais entre les deux, il n'aura pas assez de sept jours par semaine pour s'occuper des dossiers qui remplissent la filière «transports montréalais»...

Sur le front routier, les mégachantiers Champlain et Turcot promettent des années de plaisir. Ajoutons à cela le recouvrement de l'autoroute Ville-Marie et l'augmentation des budgets d'infrastructures de 1,5 milliard, des engagements qu'il aura de la difficulté à honorer.

Mais c'est sur le front du transport collectif que cela s'annonce le plus épineux. Bien que le gouvernement Marois ait lancé plusieurs projets intéressants qui ont donné de l'espoir pour la mobilité dans la région, le gouvernement Couillard semble vouloir imposer ses vues.

Les projets qui ont reçu ses éloges ces derniers mois sont en effet ceux que les péquistes avaient écartés: le Train de l'Ouest, une bonification de la liaison entre Vaudreuil-Dorion et le centre-ville, et le prolongement de la ligne orange de Côte-Vertu vers Laval, curieusement ressuscité en campagne électorale.

Or ces projets (concentrés dans l'ouest) sont financièrement incompatibles avec ce qui est déjà sur la table (concentré dans l'est). Donc ou bien les libéraux mettent une croix sur leurs engagements... ou bien ils mettent une croix sur des projets en cours. Le trolleybus Saint-Michel? Le SRB Pie-IX? Le prolongement de la ligne bleue? Cela représenterait un sérieux recul en plus d'être coûteux, mais c'est théoriquement possible. Tout comme il est théoriquement possible d'abandonner le SLR Champlain...

À moins d'une cagnotte surprise, en effet, on ne voit pas où les libéraux pourraient piger pour financer leurs projets, les projets en cours et le maintien des infrastructures. D'autant que ces mêmes libéraux s'opposent au péage sur Champlain et ont critiqué le transfert de 1 milliard du transport routier aux transports en commun, décrété par le gouvernement Marois.

C'est un euphémisme de dire que Robert Poëti a tout un défi devant lui: de financement d'abord, d'arbitrage ensuite. Dans un tel contexte, confier à la même personne les dossiers de Montréal et du transport est une bénédiction pour la métropole... mais peut-être pas pour la personne concernée.

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