La Ville de Montréal a nommé cette semaine quatre nouveaux hauts fonctionnaires, ce qui peut paraître étrange dans un contexte d'austérité volontaire. Mais de la même manière qu'il faut dépenser pour gagner de l'argent, il faut embaucher pour espérer faire des économies.

Dans les faits, la réorganisation administrative annoncée jeudi est le prélude à une réforme aussi courageuse qu'attendue afin de reprendre le contrôle de l'hôtel de ville et de sa masse salariale.

Disons-le, la fonction publique montréalaise est un monstre qu'aucun maire n'a réussi à dompter, surtout depuis l'injonction d'hormones que furent les fusions et les défusions municipales.

On nous avait promis des «économies d'échelles», et pourtant, de 2002 à 2013, le nombre d'employés a bondi de 12% et la part du budget de la Ville consacrée à la rémunération des employés est passée de 43% à... 52%!

Donc non seulement les regroupements municipaux n'ont rien donné à ce chapitre, les deux tentatives de réduction du personnel entreprises depuis non plus. Cela crée une pression insoutenable sur le budget de la Ville et permet au gouvernement de repousser les demandes de Montréal sous prétexte qu'un ménage s'impose d'abord.

Voilà pourquoi Denis Coderre brandit son balai, avec plus détermination que ses prédécesseurs, il faut l'avouer. Le contexte budgétaire aidant, il semble résolu à réduire les effectifs de la Ville, l'inefficacité de la bureaucratie et, surtout, la pression financière qu'exerce la masse salariale.

Le maire a ainsi décrété un gel d'embauche en mettant le pied à l'hôtel de ville. Il a limité la croissance du budget à 1,3% (non pas à 0,3% comme il l'affirme), après des années d'augmentation dépassant les 5%. Et il a embauché Alain Marcoux comme directeur général, un homme qui a fait ses preuves comme ministre des Affaires municipales, puis directeur de la Ville de Québec.

La réorganisation annoncée jeudi, on la lui doit d'ailleurs, comme en témoignent les similitudes entre le nouvel organigramme de Montréal et celui de Québec. Un organigramme qui a nécessité la création de quatre nouveaux postes de directeurs adjoints, mais qui a surtout réduit de quinze à quatre le nombre de cadres se rapportant au patron, qui n'aura plus à passer tout son temps en réunion.

Parallèlement, un «service de la performance organisationnelle» comprenant une vingtaine de fonctionnaires chargés de passer la «machine» au crible a été créé, et un plan quinquennal de la main-d'oeuvre a été élaboré. Objectif: une réduction nette de 2200 employés en cinq ans, soit 10% de la masse salariale.

Cela commande une centralisation de certains pouvoirs, il est vrai, une décision décriée par certains arrondissements. C'est compréhensible, mais l'important est que l'argent économisé retourne en arrondissement et que les pouvoirs locaux qui doivent être décentralisés le demeurent.

Le ménage, lui, ne pourra se faire sans une action musclée, coordonnée d'en haut, afin justement d'assurer la pérennité des services de proximité.

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