Les 1,5 milliard de dollars US que la Caisse de dépôt et placement versera à Bombardier pour acquérir 30 % de sa division Transport tombent à pic pour la multinationale, mais le gestionnaire du bas de laine des Québécois a aussi vu à ses intérêts.

C'est le dernier gros morceau de casse-tête qui manquait encore à Bombardier pour pouvoir présenter un portrait jugé suffisant, et rassurant, de ses liquidités. Monnayer une partie de sa division de transport sur rail faisait depuis longtemps partie de l'équation. Il y a trois semaines encore, elle avait promis une annonce d'ici la fin de l'année. Nous y voilà.

Au-delà des fonds récoltés, la transaction est avantageuse à plusieurs égards pour Bombardier. Sa division de transport ferroviaire et urbain vient de se voir reconnaître officiellement une valeur de 5 milliards US. Le rendement annuel minimum de 9,5 % dû à la Caisse est cumulable, ce qui évite d'avoir à le prélever sur les liquidités chaque année. Bombardier aura également le droit de racheter la participation de la Caisse après trois ans - à supposer qu'elle en ait les moyens et le juge avantageux. Et la possibilité d'un premier appel public à l'épargne, qui avait aussi été envisagée, est intacte ; elle pourra être utilisée dans un contexte plus favorable que celui des derniers mois.

En attendant, Bombardier peut se compter chanceuse d'avoir trouvé un investisseur intéressé par le long terme.

La Caisse a néanmoins pris ses précautions. Outre son rendement annuel minimum, l'institution a obtenu diverses garanties. Par exemple, si certains événements majeurs (changement de contrôle, obligation de vendre sa participation, etc.) devaient se produire dans les cinq premières années, elle récupérerait, au minimum, le montant de sa mise assorti d'un rendement annuel composé de 15 %.

La Caisse, qui détenait déjà près de 50 millions d'actions de Bombardier, en a profité pour obtenir un certain droit de regard sur la gouvernance de la société mère. Les nominations des nouveaux administrateurs indépendants seront sujettes à son accord. Elle s'est aussi assurée d'un mécanisme automatique dans lequel elle aura son mot à dire si jamais la société se retrouvait avec moins de 1,25 milliard US de liquidités (on parle d'une situation d'urgence : Bombardier en avait 3,7 milliards au dernier trimestre et promis de ne plus flirter avec un niveau aussi bas).

Bref, on est dans un tout autre registre que la participation de Québec dans les avions de la C Series, où le gouvernement a demandé des garanties sur la présence locale de Bombardier Aéronautique, et non sur le milliard de dollars US qu'il a avancé.

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Le renforcement des liquidités visait à rassurer non seulement les marchés mais aussi, Bombardier l'a encore répété hier, les acheteurs potentiels de la C Series. La société a reçu le gros coup de main dont elle avait besoin ; à elle maintenant de se retrousser les manches.

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