Le recensement 2016 ne répétera pas les erreurs du précédent. Le questionnaire détaillé obligatoire sera de retour dès l'an prochain, a confirmé le gouvernement Trudeau jeudi. L'enquête de 2011, avec son cortège de données inutilisables, n'aura été qu'un égarement passager. Merci.

Mais pour qu'on puisse vraiment refermer la parenthèse sur cet épisode malheureux, les citoyens devront faire leur part et répondre au questionnaire, long ou court, que leur enverra Statistique Canada.

Rarement sujet aussi aride aura soulevé tant de passions. La décision d'abolir le traditionnel questionnaire long obligatoire du recensement pour le remplacer par une « enquête nationale des ménages » a été le sujet chaud de l'été 2010. Municipalités, chambres de commerce, économistes, responsables de la santé publique et chercheurs universitaires de partout au pays ont protesté par centaines contre ce changement malavisé. Le gouvernement Harper, sous prétexte de protéger la vie privée des Canadiens, s'est entêté. Et les pires craintes se sont avérées.

Malgré 22 millions de dollars supplémentaires ajoutés au budget, le recensement de 2011 a été en-dessous de tout. Dans l'Ouest canadien, le tiers des subdvisions n'ont pas eu un taux de réponse suffisant pour que leurs données puissent être utilisées. Le problème s'est manifesté sous diverses formes dans une multitude de quartiers et de communautés d'un bout à l'autre du pays, y compris au Québec. Sous-estimation du nombre de familles monoparentales, sous-représentation des autochtones, estimations du revenu moins fiables pour les jeunes, les aînés et les femmes, contradictions avec d'autres données sur le revenu et l'immigration : la liste de doléances des ministères et organismes québécois est considérable.

C'est que les données du recensement ont de nombreux usages. La répartition des programmes sociaux, les études de marché, le développement urbain, la planification du transport en commun et la santé publique ne sont que quelques exemples d'activités qui ont besoin de portraits détaillés de la population et qui ont été affectées par les résultats manquants ou moins fiables de 2011.

La prochaine enquête devrait fournir une image beaucoup plus nette, comparable à celle de 2006. Du moins, on l'espère.

Pour mettre toutes les chances de son côté, Statistique Canada enverra davantage de questionnaires longs - dans 25 % des foyer plutôt que 20 % en 2006. En plus de ses propres campagnes de communication, l'agence demandera aux très nombreux organismes qui ont réclamé le retour du questionnaire obligatoire d'en faire eux aussi la promotion.

En présentant cet exercice comme une intrusion dont il fallait protéger les Canadiens, le gouvernement Harper a donné une bien mauvaise image du recensement. Mais cette controverse a aussi été une formidable occasion de rappeler l'importance de cette enquête, exemples concrets à l'appui. Souhaitons que cela se reflète positivement dans les taux de réponse l'an prochain.

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