Dans quelques jours, environ le quart des travailleurs québécois seront en congé. Vacances de la construction ou pas, plusieurs chantiers routiers resteront en activité, ajoutant à la congestion en cette période déjà achalandée. La force du dollar américain, qui attire nos voisins du Sud et risque de retenir beaucoup de Québécois ici, intensifiera encore le flot de véhicules. Les automobilistes auraient de quoi s'impatienter, mais c'est un réflexe dangereux auquel il faut se garder de céder.

Les signaleurs qui ralentissent ou arrêtent la circulation peuvent en témoigner. Une trentaine sont victimes d'accidents chaque année, indique le président de l'Association des travailleurs en signalisation routière du Québec, Jean-François Dionne. Ce chiffre, qui inclut seulement les événements rapportés à l'association, est probablement en deçà de la réalité. Les incidents ne sont pas tous déclarés, et la CSST n'a pas de statistiques spécifiques sur les signaleurs ni même sur les chantiers routiers.

Les campagnes de sensibilisation, les radars photo et les amendes pour excès de vitesse doublées dans les zones de travaux routiers commenceraient-ils à porter leurs fruits ? Après plusieurs années sombres, où un signaleur par an en moyenne perdait la vie, on ne compte aucun décès depuis le début de l'an dernier. Les vacanciers auraient cependant tort de baisser la garde.

D'abord parce que l'été est la saison des accidents de la route. Plus du tiers des décès et des blessures graves se produisent durant les trois mois de juin à août.

Ensuite parce que contrairement au bilan annuel des morts et des blessés graves, qui s'est amélioré pratiquement chaque année depuis 2009, le bilan du congé de la construction progresse en dents de scie.

Et finalement parce que malgré le trafic auquel les ouvriers sont exposés, ce sont surtout les conducteurs et les passagers qui sont victimes d'accidents de la route à proximité des chantiers. Des 14 personnes ayant perdu la vie dans ces circonstances l'an dernier, aucune n'était un travailleur.

Faudrait-il, comme certains le réclament, augmenter encore les amendes dans ces zones ? La question a été étudiée dans le cadre de la modernisation du Code de la sécurité routière, nous dit le ministre des Transports Robert Poëti. Pour la réponse, malheureusement, il faudra attendre le projet de loi, à l'automne.

En attendant, chacun compose avec les travaux comme il peut. Certains en critiquant la façon dont ils sont annoncés ou planifiés. D'autres en faisant semblant d'ignorer que les chantiers dont ils se plaignent l'été visent à améliorer les routes qu'ils dénoncent le reste de l'année. Grogne et mauvaise foi sont des pis-aller : aucune de ces stratégies ne permet d'aller plus vite. Mais il faut bien réaliser que s'impatienter et foncer dans le tas non plus.

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