Le terme étonne sur un document municipal. Et c'est ce qui fait la force du message que l'arrondissement du Sud-Ouest envoie aux propriétaires de chiens négligents. Il y a des moments où il faut savoir hausser le ton.

Des illustrations de sacs à ordures, d'électroménagers et d'excréments sur fond rose fluo, des phrases directes (« Tes vidanges me dérangent », « Merde ! Ramasse-toi ») : le matériel imaginé par l'administration du Sud-Ouest pour sa nouvelle campagne de propreté ne passe pas inaperçu. C'est déjà beaucoup.

« Une bonne campagne sociale, aujourd'hui, provoque la conversation. C'est d'autant plus intéressant à l'échelle d'un quartier », souligne Pierre Balloffet, professeur spécialisé en communication marketing à HEC Montréal. Or, les chances que ça se produise avec des dépliants et affichettes traditionnels sont à peu près nulles. Quand vous n'avez pas le budget pour tapisser les murs et les ondes de votre message, vous avez intérêt à ce que le public se l'approprie et le fasse circuler.

Le non-respect des jours de collecte, les dépôts sauvages d'ordures, les rebuts laissés dans les ruelles et les déjections canines sont les plaintes les plus fréquentes à l'égard de la propreté, indique l'arrondissement, qui regroupe les quartiers de Saint-Henri, Pointe-Saint-Charles, Griffintown, La Petite-Bourgogne et Saint-Paul-Émard.

Malheureusement pour les citoyens incommodés, les amendes prévues aux règlements ne peuvent pas tout régler. Si la trace du délit est évidente, son auteur, lui, ne l'est pas toujours, et établir une preuve qui tienne en cour l'est encore moins

À défaut de punir tous les contrevenants, on peut au moins s'arranger pour qu'ils se reconnaissent.

C'est ce que fera l'arrondissement en plantant des flèches géantes au-dessus des détritus et des fanions dans les excréments. Ça ne transformera pas tous les malotrus en voisins responsables. On peut toutefois espérer que certains se sentiront interpellés-d'autant que les résidants pourront continuer le mouvement grâce aux fanions et aux autocollants mis à leur disposition.

Cette petite campagne conçue à l'interne nous change du ton, souvent bien timide, avec lequel nos services publics en appellent au civisme. On n'a qu'à penser aux « Ne pas retenir les portes, on aime ça » et « Ne pas mettre ses pieds sur les bancs, on aime ça » diffusés par la Société de transport de Montréal (STM) il y a quelques années.

Une opération subséquente, montrant des comportements répréhensibles surmontés d'un X, était un peu plus claire. Mais on préférerait voir, dans les transports en commun et ailleurs, des consignes nettes et affirmées comme « Enlevez votre sac de votre dos » ou « Emportez vos déchets » de l'autorité new-yorkaise du transport (MTA). L'effet n'est pas garanti mais à tout le moins, ça envoie un message ferme au nom de la très grande majorité de citoyens courtois et responsables qui subissent les abus des autres. C'est aussi ce qu'on attend d'une administration publique.

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