À moins d'un revirement de situation, la Grèce se retrouvera en défaut de paiement face au Fonds monétaire international (FMI) demain. La suite des événements, toutefois, n'a rien d'un engrenage fatal. Au contraire, elle dépend plus que jamais de la volonté et du sens des responsabilités des parties en cause.

Le premier ministre de la Grèce, Alexis Tsipras, a joué son va-tout vendredi dernier en annonçant la tenue, le 5 juillet, d'un référendum sur le nouveau plan d'austérité réclamé par ses créanciers. La manoeuvre est condamnable à tous points de vue. Prétendre consulter la population sur un enjeu aussi vital en ne lui laissant même pas une semaine pour en débattre est une imposture démocratique. Et penser pouvoir ainsi forcer le report de l'échéance du 30 juin est aussi arrogant que naïf. Les ministres des Finances de la zone euro, on l'a vu, ne sont pas tombés dans ce piège grossier.

Si le défaut de paiement est devenu pratiquement inévitable, le reste de l'équation demeure plein d'inconnues. Car contrairement à ce qu'on a toujours laissé entendre, cet événement ne déclenchera pas nécessairement une mécanique inexorable. Les parties peuvent encore s'organiser pour limiter les dégâts.

L'eurozone a beau être mieux organisée pour encaisser les contrecoups d'une sortie de la Grèce, le choc n'en serait pas moins réel. Au-delà de l'humiliation associée à l'échec, ce précédent enverrait un très mauvais signal, aussi bien sur le plan politique qu'économique. Il donnerait des munitions à tous les partis qui, à gauche comme à droite, rejettent la construction de l'Europe et les efforts d'assainissement des finances publiques. Et il risquerait de raviver les pressions sur la dette des économies les plus fragiles.

La fermeture des banques et la limitation des retraits prévue aujourd'hui donneront une idée de l'état d'esprit qui règne en Grèce. On verra si la population retient son souffle ou descend dans la rue.

Après toutes ces années d'efforts infructueux, il peut être tentant de laisser les choses aller. Les Grecs et le reste de l'Europe doivent cependant réaliser qu'ils n'ont pas intérêt à ce que le pays s'enfonce dans le chaos... et que c'est ce qui l'attend si on l'abandonne à son sort.

Un retour brusque à l'ancienne devise nationale entraînerait une dévaluation instantanée des avoirs et provoquerait une flambée de l'inflation. L'administration Tsipras ne tiendrait pas le coup longtemps. Ce ne serait pas une grande perte, mais il ne faut pas s'attendre à ce qu'elle soit remplacée par un gouvernement stable et éclairé. La Grèce étant, avec l'Italie, la principale porte d'entrée pour les migrants clandestins, sa désintégration ne tarderait pas à éclabousser le reste de l'Europe.

Un défaut de paiement ne permettra pas de fermer le dossier. Quoi qu'ils pensent des Grecs, les autres membres de la zone euro ne peuvent pas se permettre de leur tourner le dos. Ils vont devoir trouver des solutions dans l'intérêt supérieur de leurs propres citoyens.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion