Selon l'agence Reuters, les citoyens et les dirigeants de la Grèce se réjouissaient hier de la publication d'un rapport du Fonds monétaire international qui y admet avoir commis des erreurs dans sa gestion de la crise de la dette grecque. «Cela confirme que, comme le pensent la plupart des Grecs, nous avons été punis beaucoup sévèrement plus que nous ne le méritions», a dit un membre d'un précédent gouvernement du pays.

Les opposants aux politiques d'austérité, tel le Nobel d'économie Paul Krugman, n'ont pas manqué de fanfaronner. On les comprend. Cependant, tous ces gens font dire au document du FMI davantage que ce qu'il contient.

Les économistes du Fonds ne remettent pas en question l'orientation générale des réformes imposées à la Grèce depuis 2010. «On peut difficilement prétendre que les ajustements auraient dû être apportés plus graduellement», écrivent-ils, expliquant que les compressions de dépenses et les hausses d'impôts étaient nécessaires pour ramener la dette du pays à un niveau soutenable.

Les auteurs du rapport poursuivent: «À compter du premier semestre de 2010, la Grèce ne pouvait plus emprunter. Son déficit et ses obligations étaient si importants qu'une contraction économique brutale ne pouvait pas être évitée.»

Cela dit, les conséquences de l'austérité ont été sous-estimées. D'une part, les hypothèses soutenant les prévisions étaient incorrectes, une erreur inexcusable pour une institution aussi importante que le FMI. D'autre part, on a trop fait confiance à la capacité politique et administrative de l'État grec de mener à bien les réformes nécessaires.

L'autre «aveu» du Fonds monétaire international n'en est pas un. Le rapport estime qu'on aurait dû accepter plus tôt de restructurer (effacer en partie) la dette de l'État grec. Le FMI accuse les dirigeants européens d'avoir repoussé ce scénario pendant plus d'un an (un blâme rejeté hier par la Commission européenne).

Avec le recul, il est facile de soutenir que le FMI et l'Union européenne auraient pu gérer la crise autrement. Cependant, il faut admettre que la situation était sans précédent et que peu importe les décisions prises, la Grèce aurait dû traverser une période excessivement difficile.

Le FMI et l'Union européenne ne sont pas à l'origine des problèmes de l'économie grecque. Ces problèmes ont pour cause des faiblesses structurelles graves auxquelles les gouvernants ont pendant des années négligé de s'attaquer, allant jusqu'à manipuler les statistiques officielles pour camoufler la réalité. Avant d'accuser les institutions internationales, les Grecs doivent donc faire leur propre mea culpa.

Sans le FMI et l'Union européenne, la Grèce aurait fait faillite et aurait dû quitter la zone euro, ce qui aurait eu des conséquences encore plus néfastes, non seulement pour les Grecs mais pour tous les Européens.