Communiqué sur Twitter, hier, de l'Université de Montréal: le taux de placement des étudiants en médecine vétérinaire est de 100%.

Bien!

Former un vétérinaire coûte 30 000$ par année (c'est environ 4000$ pour un étudiant en sciences humaines). En 2007, on calculait que l'étudiant en médecine vétérinaire payait 6% de sa formation. Vu le gel des droits de scolarité et l'augmentation naturelle des coûts, cette proportion va baissant.

Le gouvernement péquiste, comme on sait, ne s'est pas contenté d'annuler la hausse des droits de scolarité. Il a décrété le gel pour cette année et laissé entendre que ce gel se poursuivrait l'année suivante.

Cette hausse apparemment dramatique des droits n'était en vérité qu'un rattrapage visant à compenser des années de gel. Mais le PQ a décidé de marcher avec les carrés rouges, qui présentaient cette hausse comme une atteinte inacceptable au droit à l'éducation.

La réalité des finances publiques va leur faire avaler de travers ce carré.

Arrivée au pouvoir, Mme Marois a trouvé dans les livres comptables du gouvernement un «trou». Aussi prévisible et déplorable que les trous dans lesquels s'enfoncent chaque année des motoneiges sur les lacs mal gelés au mois de décembre.

Hein? Les finances publiques sont en mauvais état?? C'est pas croyable!

La suite est tout aussi prévisible. Chaque ministre se fait donner l'ordre de comprimer les dépenses.

Pierre Duchesne, ministre de l'Enseignement supérieur, a commencé par remettre en question l'idée selon laquelle les universités québécoises sont «sous-financées» par rapport aux autres universités canadiennes. Il demande à être convaincu.

Les chiffres sont pourtant assez limpides. Les autres provinces ont compensé la baisse des subventions fédérales des années 90 par des hausses des droits de scolarité - souvent assez radicales.

Résultat: quand le recteur de l'Université de Colombie-Britannique (UBC) ou celui de Toronto commence son année, il a un budget par étudiant d'au moins 25% supérieur à ce dont dispose le recteur de l'Université de Montréal.

Pourtant, dans ces deux provinces, l'État donne moins par étudiant universitaire.

Arrangez les chiffres comme vous voulez, les universités québécoises n'ont pas autant d'argent.

Si les étudiants contribuent de moins en moins (le gel est une diminution relative de la contribution, vu l'inflation), il reste deux possibilités: accélérer le sous-financement relatif; ou pomper plus d'argent public.

On vient de dire qu'il y a ce «trou» dans le budget du Québec, déjà lourdement endetté et joyeusement taxé. Comme le Québec est le champion du financement public des universités avec l'Alberta, ne vous attendez pas à ce qu'on en mette plus.

C'est donc exactement le contraire qui se produit.

M. Duchesne a convoqué les recteurs cette semaine pour leur ordonner de réduire leurs dépenses de 124 millions d'ici au mois de mars - donc en plein milieu d'un exercice budgétaire qui consiste essentiellement à payer des salaires conventionnés.

Ce même gouvernement n'a pas seulement privé les universités de la hausse des droits. Il a maintenu les généreuses améliorations du régime d'aide, qui venaient compenser totalement les hausses pour à peu près toute la classe moyenne - un coût de 118 millions en sept ans.

On garde les bonifications destinées à compenser une hausse annulée...

Le cadre financier du PQ nous annonce qu'on l'annulera. Mais en cette année de dures compressions, l'ironie est sublime. Les étudiants, qui seront les gens les mieux rémunérés du Québec de demain, contribuent de moins en moins, ont de plus en plus d'aide... Mais on n'attend pas pour comprimer les dépenses des universités.

La semaine dernière, l'Université de Montréal a lancé la plus grande campagne de financement de son histoire. On vise 500 millions de dollars en dons - la dernière, terminée en 2003, a rapporté 218 millions. Déjà près de 200 millions ont été recueillis en «pré-campagne».

C'est bien. Mais on a du chemin à faire, question philanthropie.

Pendant ce temps, UBC lance une campagne de... 1,5 milliard. UofT... 2 milliards.

Cet argent est utilisé pour des projets spéciaux, des bourses d'excellence, des chaires, des labos, souvent ce qui permet à un département de se distinguer. Ce n'est pas pour payer le chauffage.

Quand on voit l'écart se creuser, comment ne pas craindre que les universités québécoises ne soient de plus en plus à la traîne?

Quand on aura rendu les institutions de haut savoir québécoises un peu plus médiocres, et en particulier les seules grandes universités de recherche francophones, peut-être se souviendra-t-on de l'année où l'on a sacralisé le gel des droits de scolarité.

Tout le monde doit faire un effort, nous dit le ministre Duchesne.

Tout le monde, sauf les étudiants.

Hé! Bon sommet, tout le monde.