Il y a des gens qui écrivent une autobiographie, ou deux, ou trois, et on se demande pourquoi ils se donnent tant de peine. Dans le cas de Jacques Doucet, il a fallu que les Éditions Hurtubise et son complice de toujours, Marc Robitaille, lui tordent le bras.

«Je me demandais si ça pouvait intéresser les gens...» Voilà, à mon avis, la question qu'il faut se poser avant de s'installer devant son clavier.

Doucet et Robitaille, souvenez-vous, avaient écrit une exhaustive et très sérieuse histoire des Expos. Un travail magistral.

Cette fois, avec Mémoires d'un micro, les fans de ce monsieur, dont la voix et les commentaires nous ont accompagnés si longtemps, pourront relaxer, sourire et être émus au fil des personnages bien connus qui ont fait nos étés.

Gene Mauch, avec qui Doucet s'est disputé puis réconcilié, Dick Williams, Felipe Alou, son compagnon de pêche, les stars du losange, jusqu'à Vladimir Guerrero, en passant par Wayne Gretzky, Jacques Villeneuve et... Roger Whittaker - oui, Roger Whittaker, la grosse voix australienne qui a chanté les hymnes nationaux avant un match des Expos. Vous en souvenez-vous?

Tous ces gens sont passés dans le petit abri sur la galerie de presse d'où Jacques Doucet et ses analystes nous tenaient au courant des aventures de nos Z'Amours.

Il y a eu des moments drôles, mais aussi des tristes. On sent, dans les pages qui racontent la fin du club, la vente-débarras qui en sonnait le glas, que Jacques Doucet avait la gorge serrée en tapant sur son ordinateur.

Notre homme y va aussi de confidences sur son enfance, ses problèmes de santé, son pénible divorce - merci à Rodger Brulotte, le joyeux compagnon qui a allégé les souffrances.

Il y a des photos, certaines très personnelles. Il y a des témoignages de l'intérieur, des coulisses...

«Je n'avais jamais pensé à écrire tout ça. Après le deuxième tome de notre histoire des Expos, l'éditeur a demandé ce qui suivrait. Je ne savais pas de quoi il parlait. Marc Robitaille, lui, avait tout prévu. Il enregistrait nos conversations pendant des heures et des heures de travail. Il m'a dit de rassembler toutes les anecdotes et de les mettre sur papier. Je ne suis pas écrivain, mais lui, oui. Il a mis de l'ordre dans tout ça... Je le remercie.»

Bref, l'idée était la bonne. Tout ça se lit très bien, doucement, avec plaisir.

Les gens qui ne savent pas que leur vie est intéressante ou qu'ils ont assisté à des moments excitants ont parfois besoin qu'on leur torde le bras.