À Philadelphie, la vraie nouvelle n'est pas le congédiement de Peter Laviolette. Un entraîneur-chef qui paie pour l'absence de résultats de son équipe, c'est la routine dans le sport professionnel. Comme l'a déjà dit le vieux routier Glen Sather, «chaque coach est doté d'une date de péremption».

Non, la vraie nouvelle est plutôt qu'un autre directeur général fait payer le prix de ses mauvaises décisions à son entraîneur. Les Flyers de Philadelphie ont perdu leurs trois premiers matchs, et Paul Holmgren actionne déjà le couperet. Pourquoi si tôt dans la saison? Parce que son "instinct" le lui dictait, a-t-il expliqué.

C'est un concept intéressant, l'instinct. Mais je ne suis pas convaincu qu'il s'agisse de la bonne façon de diriger une équipe de la LNH.

On parle ici d'une entreprise brassant des millions et dont les performances sont scrutées à la loupe par les amateurs de hockey. Il me semble que l'analyse stratégique et un plan bien défini devraient primer sur l'intuition.

Mais Holmgren, qu'on se le dise, croit à son instinct.

Il s'agit sûrement du même instinct qui l'a incité à échanger Mike Richards et Jeff Carter, plus tard champions de la Coupe Stanley avec les Kings de Los Angeles. Et à accorder 51 millions en 9 ans à Ilya Bryzgalov, contrat racheté après 2 petites saisons! (Les Flyers verseront à leur ancien gardien une compensation annuelle de 1 642 857$US jusqu'en 2026-2027!)

Cet instinct a aussi transformé Holmgren en Père Noël lorsqu'il a consenti 22,5 millions en 5 ans à Vincent Lecavalier, un joueur de 33 ans sur le déclin. Heureusement, même s'il a songé à embaucher l'attaquant québécois, Marc Bergevin a évité le piège de renchérir sur cette offre extravagante.

Cette saison, les Flyers versent en salaires le maximum autorisé par la convention collective. Et contrairement à plusieurs équipes frôlant ce seuil, leur marge de manoeuvre demeurera modeste l'été prochain.

On comprend Holmgren d'être nerveux. Les Flyers dépensent toujours beaucoup, souvent mal, et le propriétaire exige une participation aux séries.

* * *

La décision des Flyers rappelle combien les entraîneurs sont assis, parfois de manière injuste, sur des sièges éjectables.

Rappelez-vous le Canadien en décembre 2011. Jacques Martin ne méritait pas d'être congédié par Pierre Gauthier. Et l'épisode s'est finalement conclu sur un désastre.

Au printemps dernier, les Canucks de Vancouver ont remercié Alain Vigneault, après leur élimination en séries éliminatoires.

Cet échec était-il attribuable à Vigneault? Le DG Mike Gillis en fut plutôt le responsable. Son indécision dans le dossier Roberto Luongo a créé un vif malaise dans l'équipe. En laissant pourrir la situation, il a drôlement compliqué la vie de Vigneault.

Du coup, Gillis a placé son nouvel homme de confiance, John Tortorella, sur la sellette dès son arrivée à Vancouver. On imagine sa première commande: «Hé, Torts, va donc expliquer à Roberto que, finalement, on a échangé Cory Schneider. Dis-lui qu'il redevient notre gardien numéro un et qu'on l'aime beaucoup...»

Une chance que Luongo est un bon gars! Car gros contrat ou non, on ne traite pas les gens ainsi.

Tortorella n'est pas un entraîneur sympathique. Mais lui aussi a payé pour les erreurs de son supérieur, Glen Sather, lorsque les Rangers de New York l'ont mis à la porte en mai dernier.

Le bouillant pilote a eu le culot de ne pas utiliser Brad Richards lors de deux matchs éliminatoires. Or, Sather avait consenti 60 millions en 9 ans à l'attaquant à l'été 2011.

En oubliant Richards à un moment crucial, Tortorella a mal fait paraître Sather... qui ne méritait pourtant pas mieux! Mais ridiculiser son patron est une erreur stratégique.

* * *

Changer d'entraîneur est souvent une bonne idée. Une nouvelle voix peut favoriser le redressement d'une équipe. Après tout, les Penguins de Pittsburgh en 2009 et les Kings de Los Angeles en 2012 ont remporté la Coupe Stanley après avoir agi ainsi pendant la saison.

Mais si j'étais propriétaire d'équipe, je m'interrogerais sur le travail de mon DG lorsque les pilotes se succèdent. Alain Vigneault, par exemple, est le cinquième entraîneur de Sather chez les Rangers; et Craig Berube, le troisième de Paul Holmgren chez les Flyers.

Les entraîneurs sont les premiers sacrifiés lorsqu'une équipe va mal. Mais trop souvent, les DG veulent camoufler leurs propres erreurs en leur indiquant la sortie. Le but est d'abord de sauver leur peau.

Comme bien d'autres avant lui, Holmgren a tenté le coup lundi. Pas sûr qu'il remportera son pari.

Combien vaut Lars Eller?

Si David Desharnais touche 3,5 millions par saison et Tomas Plekanec, 5 millions, combien vaut Lars Eller?

Marc Bergevin devra répondre à cette question au cours des prochains mois.

Eller en est à la dernière année d'un contrat de 2 ans lui rapportant 1,325 million annuellement. S'il continue sur sa lancée des derniers mois - il a aussi été excellent l'hiver dernier -, P.K. Subban ne sera pas le seul joueur du Canadien à voir son salaire bondir en 2014-2015.

Pierre Gauthier se réjouit sûrement des succès d'Eller. C'est lui qui a obtenu ses services des Blues de St. Louis en retour de Jaroslav Halak. De loin son meilleur échange à la tête du Canadien.

Note: les chiffres sur les salaires sont de capgeek.com.