Gilles Duceppe de retour comme chef du Bloc ? Oh, les sarcasmes entendus dans mon coin du globe, dans mon coin des internets. On l'a su le jour des funérailles de Jacques Parizeau. Je dis « on l'a su », parce que le Bloc n'a pas annoncé la nouvelle officiellement, c'est Jean Lapierre qui l'a fait chez Paul Arcand, mardi matin.

Il revient, donc. Le Bloc a expliqué mercredi le détail de l'abdication de Mario Beaulieu, élu chef il y a à peine un an, au profit de l'ex-chef anéanti dans son fief en 2011, en même temps que l'essentiel de la députation bloquiste.

La question de surface : à quoi ça a servi, cette campagne à la direction du Bloc québécois, il y a un an ? Je ne trouve pas de réponse, même si les militrolls souverainistes justifient déjà cette mascarade au nom de l'intérêt supérieur de leur camp, en s'appliquant à férocement soulever toutes les dérives de tous les protagonistes de l'autre camp depuis 1867. C'est comme ça que ça se passe, chez les militrolls de toutes confessions : ta gonorrhée est cent fois pire que ma chlamydia.

La question de fond, celle où l'imprévisible courant-jet des tendances politiques sévit, est plus floue. J'écarquille les yeux, je l'entrevois, la question de fond : il est où, le renouveau souverainiste ?

J'entends d'ici les péquistes hurler : PIERRE KARL !

Désolé, mais mon jury intérieur est encore en délibération au sujet de M. Péladeau. Je regarde les résultats des partielles de lundi et je constate que je ne suis pas le seul. C'est formidable de parler aux convaincus comme il l'a fait dans sa quête du leadership péquiste, mais il faut aussi convaincre ceux qui ne le sont pas, convaincus. M. Péladeau est-il convaincant ? On verra, comme il a répondu si souvent aux questions de ses adversaires à la direction.

Il y a 25 ans, Gilles Duceppe était élu pour la première fois, premier député élu sous la bannière du Bloc. Il y a 25 ans, la fin de la Révolution tranquille avait 25 ans. J'avais 18 ans. En se forçant un peu, l'argumentaire souverainiste sentait encore le neuf : la langue, la culture, le contrôle de l'immigration.

C'était l'identité, sans l'identitaire. C'était simple à expliquer, si on veut.

C'était l'époque où des milliers de personnes descendaient marcher dans les rues au grand frette pour protester contre les trous percés par la Cour suprême dans la loi 101.

L'époque a changé. L'argumentaire souverainiste, pas tant que ça. Alexandre Cloutier a bien essayé de soulever la nécessité de changer de disque quand il faisait vaillamment semblant de pouvoir battre M. Péladeau, cet hiver.

Alors je constate : un an après que le Bloc s'est choisi un chef neuf, l'équipe souverainiste sort son ex-chef qui remonte à l'époque où Pat Burns était coach du Canadien pour remplacer ledit chef neuf.

J'hésite entre une métaphore du Nouveau Coke et une allégorie impliquant une hypothétique reprise d'un vieux succès d'Herbert Léonard en rap. Googlez ça, les jeunes : « New Coke ». Pour Herbert Léonard, laissez faire...

L'ironie, c'est que le jour où Gilles Duceppe sortait de sa retraite, Jean-Martin Aussant entrait dans la lumière, revenu de Londres pour faire l'éloge de son mentor Jacques Parizeau.

« Monsieur » vouait à JMA une affection qui tenait sans doute à leur commune maîtrise du langage de la finance et à leur amour pour Londres, où ils ont tous deux étudié et habité.

L'ancien chef d'Option nationale a volé le show, rendant hommage à M. Parizeau avec humour et éloquence. Il a appelé les souverainistes à revenir de tous leurs exils. Et il ne faut pas être devin pour penser qu'il parlait aussi du sien.

Jean-Martin Aussant... Un flash, en 2012 : une assemblée de cour arrière dans le Centre-du-Québec. Il avait expliqué la souveraineté dans cette circonscription où il tentait de se faire élire comme chef d'Option nationale, après avoir déserté le PQ. Il arrimait la souveraineté à des enjeux du temps.

Les jeunes militants d'ON étaient pâmés sur Aussant : des centaines de militants d'ON avaient convergé vers la circonscription, de partout au Québec, pour tenter de faire élire leur chef, ça dormait sur le divan des uns et des autres...

Les jeunes. Savez, cette tranche démographique que le PQ s'est fait arracher par le PLQ en 2014 ?

Si le PQ avait choisi de ne pas lui opposer de candidat, Aussant, un souverainiste, aurait gagné la circonscription. Mais le PQ a choisi d'avoir raison dans la forme et il a perdu sur le fond, faisant aussi perdre Aussant. L'Assemblée nationale a perdu un souverainiste.

De quoi on parlait, déjà ? Ah oui, de Gilles Duceppe qui redevient chef du Bloc. Le renouveau souverainiste est ailleurs, je pense.

DANY LAFERRIÈRE, ÉCRIVAIN DE CIRE

Notre Dany national à nous s'est fait faire un double à l'antenne montréalaise du musée Grévin.

Un jour, j'aimerais comprendre le big bang. Le jour d'après, j'aimerais comprendre les musées de cire.

Non ?

AL PACINO, ACTEUR DE GÉNIE

Al Pacino était en ville, l'autre jour. Il fait une tournée mondiale avec ses cheveux qu'on dirait sculptés par Dalí. C'est ainsi qu'on reconnaît les artistes de génie, passé 70 ans : ils ont des crinières en pièce montée. C'est une ruse, ils veulent faire oublier qu'ils ont 75 ans.

On a donné à M. Pacino les clés de la ville de Montréal. C'est ainsi qu'on reconnaît les villes encore un peu colonisées : elles mouillent un peu quand un acteur américain de génie leur fait la grâce d'une visite.

Photothèque La Presse

Jean-Martin Aussant