De la cuisson sous vide! Un Thermomix qui ronronne! De l'espuma/mousse/écume dans les assiettes! Un candidat qui sort du restaurant Panache de Québec!

Même si les ingrédients de l'émission ont été rebrassés pour son sixième été en ondes, il est bon de constater que plusieurs bons vieux classiques de la téléréalité Les chefs! ressortent dans le tout premier épisode, que Radio-Canada nous sert lundi à 20h. C'est réconfortant, comme une grosse soupe à l'oignon gratinée.

Ce plat chaud, souvent dégusté en après-ski, donnera d'ailleurs des sueurs froides à l'une des deux équipes qui s'affronteront pendant dix semaines à la SRC. Mais ne brûlons pas les étapes trop rapidement.

Reprenons. Cette excellente compétition culinaire a été rebaptisée Les chefs! - La brigade pour se coller le plus possible à la réalité du monde de la restauration, où les cuistots s'agitent toujours en troupe. Finies les compétitions en solo, l'escouade a donc été scindée en deux clans bien étanches de six aspirants-chefs, soit les Noirs et les Blancs.

À l'animation, la comédienne et restauratrice Chantal Fontaine remplace à la fois Élyse Marquis et le chef Daniel Vézina. C'est elle qui déroule les instructions, présente la table de produits, tient le chronomètre et trinque - à la bière - avec les concurrents ayant survécu à l'élimination.

L'atelier de la fin, où Daniel Vézina peaufinait des techniques de base ratées par les participants, a tout simplement été rayé du menu.

Et comment se débrouille Chantal Fontaine dans ce décor plus moderne? Difficile à évaluer après un seul épisode engouffré. Elle semble nerveuse au départ, un brin robotique, mais plus les minutes filent au compteur, plus elle gagne en naturel.

Deux nouveaux juges en résidence, les chefs Anne Desjardins (anciennement de L'eau à la bouche) et Stéphane Modat du Château Frontenac, se vissent dans les fauteuils abandonnés par Pasquale Vari, Normand Laprise et Jean-Luc Boulay. Un troisième chef en rotation se greffera au duo principal, et c'est Martin Juneau du Pastaga qui passe à table pour la mise à feu de la série.

J'ai trouvé que le courant ne passait pas parfaitement entre Anne et Stéphane. Comme ces deux recrues ne cumulent pas autant d'années de complicité que le trio Vari-Laprise-Boulay, donnons-leur une chance de trouver leur rythme à eux. Martin Juneau, plus associé à la chaîne V, aurait d'ailleurs fait un excellent juge permanent.

Maintenant, si vous avez grandi dans les années 70 et 80, il y a de fortes chances que vous reconnaissiez les recettes du premier chef mis en vedette dans la première émission: Pol Martin, le Ricardo de l'époque fluo. Toutes les familles possédaient au moins un des recueils de ce cordon-bleu français, qui a émigré chez nous au milieu des années 50.

Les Blancs et les Noirs - de la couleur de leurs tuniques - disposeront d'une heure 45 minutes pour concocter un menu gastronomique de trois services inspiré de l'héritage de Pol Martin. Une soupe à l'oignon, un carré de bison aux saveurs bourguignonnes, de même qu'un paris-brest. Simple en apparence, compliqué dans l'exécution, vous verrez.

Une des formations se plantera royalement et une bizarre tentative de tricherie - la toute première, de mémoire - se terminera par un tonitruant «décâlisse». Ah oui, des larmes couleront aussi très rapidement dans le parcours.

Pour déterminer qui dirigera les deux équipes, chacun des candidats soulève une cloche et celui (ou celle) qui y découvre un brassard rouge hérite de cette fonction dangereuse. Car, en cas de défaite, le capitaine atterrit automatiquement au défi ultime.

Le terme «duel» n'existe plus dans Les chefs! - La brigade. Le défi ultime remplit toutefois la fonction de a) faire suer une dernière fois les joueurs; b) stresser davantage les téléspectateurs. Ça demeure mon volet préféré de la téléréalité. Le niveau de difficulté ne baisse pas, au contraire.

L'âge des futurs Hakim Chajar varie entre 22 et 33 ans. Plusieurs bossent déjà dans des restos connus (357C, L'Initiale, le Galopin ou le Panache). Une des quatre femmes choisies se définit comme une autodidacte à 100%.

Côté prédictions, il est pratiquement impossible de séparer les meilleurs des plus faibles. Avant, tous les concurrents s'attaquaient au même plat en même temps. Conséquence? Les téléspectateurs pouvaient aisément déterminer qui s'en sortait le mieux et qui en arrachait.

Dans la formule revampée, les aspirants-chefs héritent tous de tâches fort différentes (et pas toutes cruciales, soyons honnête). L'un cuit la viande, l'autre s'attaque au dessert et un troisième tranche des légumes. Résultat? Les téléspectateurs ont plus de difficulté à les évaluer.

Cette édition des Chefs! qui fait peau neuve ne déstabilisera pas les fans de la première heure. On y retrouve la même adrénaline et la même fébrilité, avec des visages différents.

C'est un peu comme si votre maman modifiait sa fameuse recette de sauce à spaghetti. Ça vous surprend un peu au départ, mais le bon goût familier revient rapidement en bouche. Un classique reste un classique, même réinventé.