Elle est excellente, notre télévision, celle qui se fabrique ici avec des gens d'ici. Elle est intelligente, renversante, surprenante, poignante, étonnante, touchante et toujours divertissante.

C'est particulièrement vrai cet automne. D'ailleurs, ça fait longtemps que ça ne m'était pas arrivé de suivre religieusement autant de séries de fiction par pur plaisir et non par obligation professionnelle.

Autant à TVA qu'à Radio-Canada, les émissions bien ficelées se cordent de façon bien serrée en soirée. Et les auteurs nous gâtent d'intrigues habilement développées, bien fouillées, qui ratissent très large.

Je me suis amusé à élaborer une liste des sujets inspectés dans les téléromans et séries en ondes depuis septembre au Québec, ce qui donne un bel aperçu du talent et de l'imagination des scénaristes qui les couchent sur papier.

Dans La galère, Renée-Claude et sa soeur Mimi Brazeau nous parlent d'alzheimer précoce, de mamans poules (on commence à en avoir soupé des folies de Mimi, d'ailleurs), d'analphabétisme chez les adultes, d'homosexualité chez les ados et de deuils qui nous suivent toute la vie.

Dans Yamaska, les auteurs Anne Boyer et Michel d'Astous explorent la maladie mentale qui pousse à commettre des crimes passionnels en se servant du personnage d'Alicia. Ils abordent aussi l'alcoolisme au féminin, le cancer, le couple après l'infidélité et l'amour chez les aînés, entre autres.

Dans Tu m'aimes-tu?, il est bien sûr question de peine d'amour (et il est long, le chagrin de Fred), mais aussi de parents qui vieillissent et de la peur de l'engagement au féminin (Mélanie). Dans Un sur 2, les concepteurs brodent avec finesse autour de l'infidélité et du pardon.

Dans 30 vies, Fabienne Larouche nous plonge notamment dans les relations ambiguës entre une prof (Angie) et son élève (Frédéric). Dans Toute la vérité, Bernard Dansereau et Annie Piérard écrivent sur les douloureuses conséquences d'un viol (celui de Brigitte), sur une gamine (Florence) dont les deux parents sont morts tragiquement, sur l'homoparentalité (le petit Hippolyte a deux mamans) et sur une kyrielle d'histoires à saveur juridique très près de l'actualité.

Dans O', les O'Hara en décousent avec le jeu compulsif (Charles), la mort subite d'un conjoint (Louisa), la peur de vieillir seule (Kathleen) et l'adultère (Samuel et Jacqueline). Doit-on nécessairement rester dans un couple après 40 ans de mariage parce qu'on a peur de finir sa vie sans compagnon ou sans compagne?

Dans Unité 9, Danielle Trottier fouille dans la vie intime de femmes incarcérées et analyse les conséquences des gestes de ces criminelles sur leurs proches.

Dans Lance et compte: la déchirure, Réjean Tremblay confronte les deux courants de journalisme qui s'opposent, soit celui pratiqué dans les institutions (Lucien Boivin au Matin) et celui du web (Ilsa Trépanier à La mitraille). La relation amour-haine entre Lulu et Ilsa illustre parfaitement ce qui se passe présentement avec Lance et compte: les intrigues à l'extérieur de la patinoire, comme celle des gangs de rue ou de la secte, accaparent de plus en plus de temps de glace.

Mercredi, Réjean Tremblay a aussi ouvert la porte du vestiaire du National sur un sujet tabou dans le hockey. La mitraille d'Ilsa Trépanier a en effet publié des photos du bagarreur Philippe Lalumière (Dave Morissette) et de son conjoint.

Fallait-il rendre publics ces clichés? Marc Gagnon, épaulé par Pierre Lambert, a rapidement fermé le dossier: pourvu que Lalumière nous aide à gagner des parties, qu'il soit gai ou non, on s'en fout. Des coéquipiers et adversaires de Philippe Lalumière, rebaptisé Fifilippe, ne partagent toutefois pas cette vision.

La semaine prochaine, Réjean Tremblay réécrira le fameux - et mystérieux - vol de la sacoche qu'aurait perpétré Ryan O'Byrne du Canadien de Montréal dans un bar de la Floride en février 2008. Il nous promet de lever le voile sur ce qui s'est véritablement passé lors de cette soirée bien arrosée.

Maintenant, après cette belle énumération, dites-moi que vous ne regardez jamais la télévision québécoise parce qu'elle est plate, je vous répondrai que c'est justement parce que vous ne la regardez pas que vous dites des faussetés comme ça.

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Je lévite

Avec la pub de la tablette Surface

Elle est tout simplement magnifique, cette réclame rythmée par les clics des couvertures/claviers multicolores qui se greffent au nouveau gadget de Microsoft. Ce petit film produit le même effet que les toutes premières pub de l'iPod d'Apple: on veut acheter le bidule. Maintenant.

Je l'évite

La confusion pub et fiction

C'est une mauvaise coïncidence, bien sûr, et ce n'est pas sa faute. Mais l'acteur Hugo Giroux incarne un garagiste dans le téléroman O'. Il incarne aussi le garagiste dans les publicités d'Unipneu. Même costume, même dégaine. S'il pose des Dunlop, Michelin, Yokohama, Goodyear sur la voiture de Maxim Roy, là, on décroche.