C'est en 2010, pendant que Pat Burns livrait ses derniers rounds à un cancer dont la victoire était acquise, que les membres du comité de sélection ont commis leur plus grave erreur en lui fermant au nez les portes du Temple de la renommée du hockey.

Cette décision avait soulevé bien des débats houleux. Malgré leur devoir de réserve, plusieurs membres du comité qui militaient en faveur d'une décision favorable cachaient bien mal leur indignation à l'endroit des réfractaires, qu'ils s'étaient toutefois bien gardés d'identifier. Malheureusement!

L'année suivante, les membres du comité auraient pu racheter leur erreur. Moins d'un an après sa mort, cette intronisation aurait toutefois laissé le goût amer d'un rendez-vous manqué.

Aussi bien attendre.

L'an dernier, aucun bâtisseur n'a fait son entrée au Temple. Il faut dire que derrière les Joe Sakic, Mats Sundin, Pavel Bure et Adam Oates, ce bâtisseur aurait été un brin dans l'ombre de ces très grands joueurs. Remarquez que la stature de Pat Burns lui aurait permis d'avoir une place de choix au sein de cette grande cuvée.

Shero devant Burns!

Cette année, l'occasion était bien choisie. Elle était même parfaite. Le temps ayant fait son oeuvre, personne n'aurait pu atténuer la portée de son intronisation en l'associant à un «simple» cadeau posthume. Et malgré ce temps qui file, les souvenirs, bons ou moins bons, laissés par Burns sont encore bien présents dans le monde du hockey.

Sans compter que la cuvée 2013, avec Chris Chelios, Scott Niedermayer et Brendan Shanahan, aurait aussi bien servi la cause de Pat Burns que celle de l'an dernier.

Mais non!

Les membres du comité ont décidé d'honorer Fred Shero. Vingt ans après sa mort, l'ancien coach des Flyers de Philadelphie, ou des vrais de vrais Broad Street Bullies, est finalement récompensé.

Parce que ses deux conquêtes consécutives de la Coupe Stanley en 1974 et en 1975 ont été marquées par l'intimidation et la rudesse que les Flyers déployaient aux quatre coins de la LNH, et particulièrement à l'intérieur du Spectrum où ils imposaient davantage encore leur loi de la jungle, Shero a dû patienter longtemps.

Certains diront que cette patience n'aurait jamais dû être récompensée.

Mais bien que la robustesse, pour ne pas dire la violence, des Flyers ait servi sa cause et celle de son équipe, Shero a été l'un des premiers coachs à inculquer des systèmes de jeu. À adopter des adjoints pour mieux gérer le banc, les systèmes, l'équipe.

Bon! Le «dompage» de rondelle dans les coins avec la chasse à courre qui suivait aussitôt après n'avait pas grand-chose de scientifique, c'est un fait. Mais Shero l'a instauré. Plusieurs l'ont ensuite imité.

Et au-delà de l'intimidation, il faut rappeler que Shero a aussi su tirer profit - ce ne peut être le seul fruit du hasard - du grand talent des Bernard Parent, Bobby Clarke, Bill Barber, Reggie Leach et autres Rick MacLeish.

Mais après avoir patienté si longtemps, Shero aurait facilement pu patienter un an de plus, et personne n'aurait été offensé si cette décision avait permis l'intronisation de Burns.

Une intronisation souhaitée aux quatre coins de la LNH. Mais aussi, et surtout, une intronisation hautement méritée, comme en témoignent les faits saillants de sa carrière.

Fort de ses 501 victoires au cours de sa carrière de 1019 matchs dans la LNH, de sa conquête de la Coupe Stanley en 2003 avec les Devils du New Jersey, sans oublier une défaite en grande finale avec le Canadien en 1989 et ses présences dans le carré d'as avec les Maple Leafs de Toronto aux printemps de 1994 et 1995, de ses trophées Jack-Adams - entraîneur-chef de l'année - avec trois équipes différentes, Burns mérite pleinement la place qu'on lui refuse encore cette année pour je ne sais trop quelle raison.

Si ces statistiques pourtant éloquentes n'arrivent pas à dissiper les derniers doutes, on pourrait ajouter qu'en 12 saisons dans la LNH, les équipes qu'il a dirigées n'ont raté les séries qu'une fois.

Pat Burns entrera un jour au Temple de la renommée. La question est quand. J'espère seulement qu'il n'aura pas à attendre 20 ans après son décès. Car si c'est le cas, on finira par manquer de qualificatifs pour illustrer l'injustice qui se sera répétée au fil de toutes ces années.

Laraque loufoque!

Quand j'ai lu dans ma Presse d'hier que Georges Laraque assurait que George Parros ne faisait peur à personne dans la LNH, je me suis éclaté de rire. Je me suis dit: tiens, c'était le tour de mon confrère Gabriel (Béland) de se faire flouer par le Gros Georges qui voulait passer le message qu'il orchestrait un possible retour au jeu. Je me suis fait avoir il y a deux ans. Darren Dreger, de TSN, s'est fait avoir l'an dernier. Il était juste normal que Laraque récidive cette année.

Eh bien, non! C'était surtout pour annoncer qu'il défendrait les couleurs du Parti Vert aux prochaines élections fédérales.

Ah, mon Georges! Si tu avais su manier la rondelle comme tu manies les médias, tu aurais marqué 53 buts en une saison, et non en 12 ans de carrière.

Mais bon!

Pour passer sa promo politique - est-ce que ça entrera dans ses dépenses électorales? -, Georges a lancé que le nouveau George du Canadien - Parros de son nom de famille - n'intimidera personne dans la division la plus «tough» de la LNH.

Peut-être que Georges a raison. Qu'après deux ou trois combats, le Canadien et ses fans regretteront l'embauche de l'autre George.

On verra!

Mais ce qui est clair, c'est que le nouveau George permettra à tout le monde de porter un jugement. Car contrairement à Laraque, Parros ne se contente pas de parler, d'attendre les invitations ou de respecter un code obscur quand vient le temps de défendre un coéquipier. Il le défend.

Quant à Georges, il s'occupait bien plus de la gestion de ses relations publiques que de la défense de ses coéquipiers lors de son paisible séjour de fin de carrière à Montréal.

À chacun ses combats, il faut croire...