Tous ceux qui assuraient que le hockey était mort à Phoenix ont finalement eu raison. Oui, les Coyotes de Phoenix sont morts de leur belle mort mardi, mais pour renaître aussitôt sous le nom de Coyotes de l'Arizona.

Ça veut dire quoi?

Ça veut dire que les Coyotes joueront à Glendale l'an prochain. Ça veut donc dire qu'ils sont encore loin de Seattle, où ils auraient mis le cap si la Ville de Glendale n'avait pas entériné le plan de gestion du Jobbing.com Arena, première étape assurant la survie de la Ligue nationale de hockey dans le désert de l'Arizona.

Ça veut aussi dire qu'ils sont plus loin encore de Québec, où certains rêveurs, s'appuyant sur des sources d'information virtuelles ou de simples opinions sans la moindre valeur, assuraient que la renaissance des Nordiques dans la capitale était déjà octroyée par la LNH. Bien hâte de voir ce qu'ils inventeront maintenant que les Coyotes, dont ils annonçaient la mort depuis plusieurs mois, sont encore bien vivants.

Mais attention!

Le vote très serré - quatre en faveur, trois en défaveur - attribue au groupe Renaissance Sports and Entertainment (RSE) un contrat de gestion de l'amphithéâtre l'assurant de revenus de 15 millions pour les 15 prochaines années (la Ville a ajouté 6 millions aux 9 millions initialement consentis), mais rien ne permet d'affirmer que la survie à long terme des Coyotes à Phoenix est assurée.

Au contraire.

Le groupe RSE, représenté mardi à Glendale par l'homme d'affaires canadien Anthony Leblanc, a obtenu un droit de retrait de l'entente si, après cinq ans, les Coyotes encaissent des pertes dépassant les 50 millions.

Les Coyotes pourraient alors mettre le cap sur une autre ville en versant simplement à la Ville de Glendale une pénalité couvrant le manque à gagner en matière de revenus attribuable à ce déménagement.

«Je suis contre cette entente, car Glendale est la seule des deux parties à assumer tous les risques. Si nous donnons à M. Leblanc la possibilité de se soustraire à l'entente dans cinq ans, pourquoi les citoyens de Glendale ne peuvent l'obtenir eux aussi? Je vais me plier à la décision du conseil, mais je crois que nous devrions tenter d'obtenir davantage de sécurité. Cette entente ne règle pas le problème. Elle ne fait que le reporter», a lancé en guise de dernière mise en garde le maire Jerry Weiers, avant de réclamer la tenue du vote.

Une mise en garde qui a été balayée du revers de la main par les quatre conseillers dont l'appui au projet et à la survie des Coyotes ne faisait pas de doute.

«Ne nous laissez pas tomber», a finalement lâché le maire Weiers avant de lever la séance.

Les Flyers à la rescousse

Minée depuis quelques semaines, l'entente liant RSE et Glendale a pris du tonus mardi après que Global Spectrum a assuré des revenus de 45 millions en s'associant au projet. Global Spectrum est une entreprise assurant la gestion de plus de 100 amphithéâtres aux quatre coins de l'Amérique du Nord. Propriété d'Ed Snider, qui est aussi proprio des Flyers de Philadelphie, Global Spectrum assure déjà la gestion du grand stade de l'Université de Phoenix, voisin du Jobbing.com Arena et domicile des Cards de l'Arizona, dans la NFL.

Cette association a plusieurs fois été invoquée dans le cadre du débat afin de donner plus de poids aux chances de succès du plan de relance des Coyotes. Et aux chances de maintenir les activités des commerces autour du domicile des Coyotes et d'assurer la naissance d'autres projets.

On a toutefois passé sous silence le fait que Global Spectrum est déjà associé à la gestion de l'amphithéâtre qui verra le jour à Markam, en banlieue de Toronto, afin d'accueillir éventuellement une équipe de la LNH par l'entremise d'une expansion ou d'un transfert.

Une association qui pourrait ouvrir la porte à un départ précipité de Glendale dans cinq ans...

Vente à conclure

Le vote a bien sûr été salué par les nombreux partisans des Coyotes venus remplir la salle du conseil municipal, mardi soir.

Mais, comme l'ont fait remarquer avec beaucoup d'à propos deux citoyens de Glendale opposés au projet, ces partisans ne paient pas leurs taxes à Glendale. Ils n'auront donc pas à assumer les contrecoups financiers de l'entente qui forcera la ville à supprimer des services - une caserne de pompiers sera fermée - et à hausser les taxes.

«J'aurai préféré que mes conseillers municipaux accordent plus d'importance aux 71% des contribuables de Glendale qui sont contre cette entente qu'aux caméras et amateurs de hockey venus d'ailleurs», a lancé l'un d'eux.

«Ne célébrez pas trop vite votre victoire. Dès demain matin, j'amorcerai des procédures de référendum pour faire annuler cette entente et réclamerai l'intervention de l'institut Goldwater [qui a fait annuler une première entente il y a deux ans] pour faire valoir nos droits. Je vous souhaite la meilleure des chances, car vous en aurez bien besoin», a ajouté un autre.

Difficile de dire combien de temps il faudra aux citoyens opposés à l'entente pour mener à bien ce référendum - s'ils obtiennent l'autorisation d'aller de l'avant avec cette procédure - ou pour obtenir l'appui musclé de l'institut Goldwater.

Rassurée par le vote favorable obtenu dans la nuit de mardi à hier, la LNH ouvrira les valves pour conclure la vente des Coyotes d'ici le 5 août. «Nous pouvons enfin regarder devant et non derrière», a affirmé le commissaire Gary Bettman, qui assistait à la réunion du conseil de Glendale en compagnie de son bras droit Bill Daly, qui assumait la présidence des Coyotes depuis leur rachat par la Ligue, en 2009.

Même si la vente des Coyotes ira de l'avant et que le hockey de la LNH semble assuré de rester en Arizona pour les cinq prochaines années, j'ai l'impression que la LNH, RSE et les partisans des Coyotes n'ont gagné qu'une bataille, hier. Pas encore la guerre!