La réplique « I'll be back » est devenue aussi culte qu'Arnold Schwarzenegger en Terminator. Eh bien, ils sont de retour. L'acteur, le personnage et sa réplique, dans Genisys d'Alan Taylor. Un cinquième Terminator que plusieurs considèrent comme le « véritable » troisième.

Alors, on le qualifie de quoi, ce Terminator Genisys ? Reboot, prequel, sequel ? Alan Taylor, qui l'a réalisé, éclate de rire au bout du fil : « On a essayé tous les mots possibles et aucun de fonctionnait vraiment. Aux fins du marketing et de la promotion, on s'est entendu sur le terme "reset". »

James Cameron, créateur de l'iconique personnage incarné par Arnold Schwarzenegger et réalisateur de The Terminator (1984) et Terminator 2 : Judgment Day (1991), qui n'a pas vraiment participé à ce nouvel opus, a pour sa part parlé de « renaissance » : à ses yeux, ce film-ci est le véritable Terminator 3. On oublie donc - avec raison - Terminator 3 : Rise of the Machines de Jonathan Mostow (2003) et de Terminator Salvation de McG (2009). Et on repart à zéro... ou presque.

« Nous prenons ce que les gens connaissent, nous leur faisons comprendre que nous savons ce qu'ils savent - et nous allons ensuite dans une direction différente. Quand vous travaillez avec le voyage dans le temps, il y a toujours moyen de relancer les choses », explique le réalisateur de Thor : The Dark World qui a aussi signé plusieurs épisodes de Game of Thrones où il a donc côtoyé Emilia Clarke, interprète de la blonde Daenerys Targaryen qui devient ici « sa » Sarah Connor.

Laquelle, dans la nouvelle ligne temporelle explorée dans Genisys, demeure la (future) mère de John Connor - l'homme destiné à devenir le sauveur de l'humanité décimée par les machines - mais s'éloigne du personnage campé par Linda Hamilton dans le diptyque original. « Dans Terminator, elle est timide et naïve. Dans Judgment Day, elle est une guerrière quasi psychotique », rappelle Alan Taylor. Dans le scénario de Laeta Kalogridis et Patrick Lussier, l'énergie, la dynamique sont différentes, car la jeune femme a grandi sous l'égide d'un Guardien qui l'a entraîné, préparé à son destin.

Et ce Guardien, qu'elle appelle Pops, est un Terminator. LE Terminator. Celui, iconique, d'Arnold Schwarzenegger. « Il est impossible d'imaginer un long métrage faisant partie de cette série d'où il serait absent, poursuit le réalisateur. J'ai essayé de comprendre pourquoi, mais je n'ai pas de réponse. Les personnages principaux de bien des franchises ont été remplacés avec succès, il a même été possible de trouver un autre James Bond que Sean Conner. »

« S'il est possible de créer d'autres Terminator, il est impensable de montrer un T-800 qui ne soit pas Arnold [Schwarzenegger]. Ça tient peut-être à sa personne, qui est unique », souligne Alan Taylor.

Chose certaine, il vole chacune des scènes où il apparaît dans Genisys. Ce, peu importe son âge. Puisque, oui, ce Terminator vieillit. Les scénaristes ont discuté de cela avec James Cameron. Car si un robot n'est pas censé changer, la règle ne s'applique pas à l'ancien gouverneur de la Californie. Et plus de 30 ans se sont écoulés depuis la première apparition du Terminator au grand écran.

ARNOLD EN TROIS TEMPS

« Ils ont trouvé une "explication" à ce phénomène et l'ont validée avec Jim. » Explication livrée dans le film par le principal intéressé qui, « apparaissant » à trois âges différents, utilise ce fait avec beaucoup d'autodérision. Ton qui lui sert aussi dans les éclaircissements (!) tarabiscotés concernant les différentes lignes temporelles explorées dans la série.

Petite mise en contexte, ici, sur la genèse de Genisys. Nous sommes en 2029 et les rebelles menés par John Connor (Jason Clarke) croient avoir vaincu Skynet et les machines. Sauf que juste avant la victoire, un Terminator a encore une fois été envoyé en 1984 pour tuer Sarah Connor. Pas d'autres solutions que de lui expédier un sauveur. Bien sûr, Kyle Reese (Jai Courtney), qui deviendra le père de John Connor.

Le cercle (vicieux) se poursuit. Mais il ne se répète pas. D'autant que s'opère ici un changement majeur. « J'aurais aimé vous dire que vous ne pouvez pas en parler, mais le studio a décidé de le mettre de l'avant... et dans la bande-annonce », semble regretter Alan Taylor.

L'information en question - et que ceux qui ne savent pas et ne veulent pas savoir sautent les lignes suivantes - concerne John Connor. J.C. comme James Cameron, comme Jason Clarke et comme... Jésus-Christ. John Connor, donc, victime du syndrome du Sauveur. Car telle mission ne vient pas sans poids, sans tourments. Lesquels peuvent s'avérer dévastateurs.

« Être un messie n'est pas la plus simple des... carrières. Cela est d'autant plus vrai quand la personne possède une zone d'ombre. Or nous en avons tous une », dit Alan Taylor.

Qui peut prendre le dessus. C'est ce qui se produit ici. « Mais j'aime la façon que Jason [Clarke] parvient à donner un caractère tridimensionnel au personnage. Il ne joue pas à la façon du méchant qui se tourne la moustache [mustache twirling villain]. »

Ce qui n'aurait pas collé au récit qui, tout en utilisant l'humour des deux premiers films (oublié dans les troisième et quatrième opus), se veut sombre. Et, même, plus réaliste aujourd'hui qu'il ne l'était il y a 30 ans : « Avec les avancements en technologie et en matière d'intelligence artificielle, ce qui semblait de la science-fiction alors devient plausible. Nous cédons volontairement notre vie privée, nos libertés, les informations nous concernant. Skynet n'a donc plus à être libéré. » Nous lui avons (presque) donné le contrôle. C'est là que puise - et que se renouvelle - Genisys.

Terminator Genisys prend l'affiche aujourd'hui.