Acteur français à la filmographie exceptionnelle et à la vie privée tourmentée, Alain Delon, qui fêtera dimanche ses 80 ans, est devenu un mythe du cinéma mondial grâce à un charisme rare et une beauté insolente.

«J'ai été programmé pour le succès, pas pour le bonheur. Ça ne va pas ensemble», dit la star qui a joué dans quelque 90 films, dont plusieurs classiques, sous la direction de réalisateurs prestigieux (Melville, Visconti, Antonioni, Losey, Godard, Malle...).

Également producteur d'une trentaine de longs métrages, homme d'affaires et collectionneur d'art, l'acteur magnétique, à l'arrogante séduction, se dit lassé d'une célébrité qui lui a interdit de vivre comme tout le monde.

Le temps a creusé les rides et blanchi les cheveux de ce fauve solitaire, parlant parfois de lui à la troisième personne, qui a aimé la gloire avant qu'elle ne l'écoeure.

Gâté par la fortune, il l'a aussi été par les femmes: «C'est en elles, dans le regard de ma première femme, Nathalie, jusqu'à Romy (Schneider), Mireille (Darc) ou la mère de mes enfants (Rosalie van Breemen) que je puisais ma motivation pour être ce que j'étais, pour faire ce que je devais faire».

Indifférent aux controverses altérant son image, cet homme de droite n'a jamais caché ses liens avec l'ex-chef de file historique de l'extrême droite française, Jean-Marie Le Pen, «un ami depuis cinquante ans».

Né le 8 novembre 1935 à Sceaux près de Paris, Alain Delon connaît une enfance instable après le divorce de ses parents, suivie de quatre ans de guerre d'Indochine dans les fusiliers marins.

En 1957, il débute dans Quand la femme s'en mêle, d'Yves Allégret. Son physique, «gueule d'ange» et yeux bleus, retient l'attention. Il devient vite l'interprète des plus grands: René Clément, dans Plein soleil et Les félins, et surtout l'Italien Luchino Visconti qui sera le vrai pygmalion du jeune acteur.

Rocco et ses frères et Le guépard sont deux des plus beaux fleurons de sa carrière.

Grand collectionneur

En Italie, il tournera aussi «L'Eclipse» de Michelangelo Antonioni, avant de réussir de mémorables compositions pour Jean-Pierre Melville dans Le cercle rouge et Le samouraï, qui contribuera à forger l'image d'un homme solitaire, secret et pugnace.

Au théâtre, on le voit dans Dommage qu'elle soit une putain, mis en scène par Visconti. Sa partenaire s'appelle Romy Schneider: c'est le début d'une longue liaison avec la jeune actrice.

Avec L'assassinat de Trotsky et Monsieur Klein, de Joseph Losey, Delon trouve des rôles qui «cassent» son image de séducteur.

Excepté un passage à Hollywood (Soleil rouge de Terence Young), il ne tournera plus qu'en France et en Italie.

Avec Borsalino, de Jacques Deray, il connaît en 1974 un des plus gros triomphes avec l'autre icône du cinéma français, Jean-Paul Belmondo.

La liste de ses succès est longue: Les granges brûléesLe gitanParole de flic... Dans Notre histoire (1984), de Bertrand Blier, il joue à contre-emploi le rôle d'un garagiste alcoolique pour lequel il obtient un César.

Alain Delon, qui n'a jamais reçu le grand prix d'interprétation à Cannes, diversifie ses activités.

Réalisateur, il met en scène Pour la peau d'un flic (1980) et Le battant (1983). Homme d'affaires, il lance un parfum à son nom et commercialise sa «griffe», surtout au Japon.

Amateur d'art, il collectionne les bronzes animaliers de Bugatti, les grands crus, les montres, les armes.

Nostalgique d'un âge d'or du cinéma, celui des années 60, il voit sa carrière décliner dans les années 1980 et annonce y mettre un terme en 1999.

On le verra toutefois dans deux miniséries télévisées et sur scène, en 2007, pour jouer Sur la route de Madison au côté de Mireille Darc, son ex-compagne restée l'une de ses plus proches amies.

En 2008, il interprètera aussi Jules César au cinéma dans Astérix et les Jeux olympiques.