Jay Baruchel a le coeur gros. Près de deux mois après avoir soulevé les passions en affirmant qu'il quittait le Québec en partie pour des raisons politiques, il qualifie les critiques dont il a été la cible d'«injustes», mais refuse de rectifier le tir.

«Je maintiens ce que j'ai dit. En même temps, j'avoue qu'il y a des moments où j'ai pensé: «Ah, j'aurais peut-être pu garder ça pour moi.» Mais franchement, I don't take any of it back», a-t-il dit à La Presse dans la première entrevue où il a accepté de revenir sur la controverse.

En mai dernier, l'acteur et réalisateur d'origine montréalaise, établi à Toronto, affirmait au quotidien Montreal Gazette qu'il avait trouvé les dernières élections provinciales «traumatisantes».

«C'était une situation de «ferme-la ou pars». C'était intenable. Ça aurait été ma faute si j'avais continué à vivre à cet endroit qui me donnait des maux de tête. [...] Je ne me sentais pas dans [la ville] où ma mère voulait que je vive. Elle voulait que je grandisse dans un endroit multiculturel pour voir la diversité du monde dans la rue, entendre toutes les langues, sans que ce soit perçu comme une défaite ou un sacrifice», avait laissé entendre Baruchel.

Au passage, il avait aussi qualifié le projet de Charte des valeurs du Parti québécois de «dialogue ethnique toxique» (poisonous ethnic dialog), et le mouvement souverainiste de quelque chose de fou (silly stuff).

«Les sujets [débattus] au Québec, ça date de 100 ans, mec! [À Toronto], je me réveille et je suis juste une personne dans une ville. Quand je vais à l'extérieur et que je parle anglais, ça n'a pas de charge politique», avait-il ajouté, précisant qu'il est toujours propriétaire d'un pied-à-terre à Montréal.

Une réaction démesurée

Dans les jours qui ont suivi la publication de cette entrevue, plusieurs chroniqueurs montréalais francophones s'étaient déchaînés contre Jay Baruchel. Leur colère contre l'enfant prodige de Notre-Dame-de-Grâce, qui fait aussi carrière à Hollywood, était palpable.

«Ce qui m'attriste tellement, c'est que personne n'a écouté les choses gentilles que j'ai dites sur Montréal pendant plus de 10 ans», s'est défendu l'acteur, mercredi, sur le plateau de son premier film en tant que réalisateur, Goon: Last of the Enforcers, à Barrie, en Ontario.

«Montréal, c'est mon coeur. Montréal. C'est moi! C'est le premier amour de ma vie, cette ville-là, d'accord? Depuis le début de ma carrière, j'ai dit l'équivalent d'un paragraphe de critique et regardez ce qui s'est passé. C'est vraiment injuste», a-t-il ajouté, visiblement encore ébranlé par la controverse.

Mais Jay Baruchel n'est pas rancunier. Encore une fois, il répète que son déménagement à Toronto n'est pas un adieu définitif à Montréal.

«Habiter à Toronto, c'est juste plus facile pour le travail. Un jour, je vais revenir à la maison», a-t-il conclu, en français, langue qu'il maîtrise aisément et dans laquelle il a tenu à faire cette entrevue.