Les studios Disney, propriétaires de Pixar depuis 2006, exploitent pour la première fois en nom propre l'univers de leur lucrative filiale en signant Planes, un film dérivé de la saga à succès Cars, mais avec des avions.

Planes, qui sort vendredi en Amérique du Nord a été produit par Disney Toon Studios, une division de films spécifiquement destinés au marché vidéo, longtemps spécialisée dans les suites de grands classiques - Cendrillon 2 et 3, Bambi 2 ou plusieurs opus sur la Fée Clochette.

Mais confiant dans le potentiel commercial de Planes, qui bénéficie de l'ADN de l'univers de Cars, le studio a fait une exception et décidé de lui donner sa chance au cinéma.

John Lasseter, figure historique de Pixar - où il a notamment signé Toy Story, 1001 pattes et Cars - et responsable depuis 2006 de toute la production animée des studios Disney, a donné une feuille de route très claire à Klay Hall, le réalisateur de Planes.

«John m'a dit: «Cars est installé, tout l'univers est créé, c'est bon. Apprends de cet univers, apprends de notre expérience sur les personnages et l'animation et ensuite, oublie tout. Nous n'allons pas reprendre les personnages ni les décors. Je veux que tu crées un nouveau monde»», explique Klay Hall à l'AFP.

«L'esthétique est la même: (les avions) ont des yeux, les personnages parlent et ce sont de charmants véhicules, mais les points communs s'arrêtent là», affirme le cinéaste.

Planes raconte les aventures de Dusty, un petit avion qui passe ses longues et ennuyeuses journées à pulvériser de l'insecticide sur des champs de maïs. Mais à force d'entraînement et de volonté, il finit par décrocher un billet pour une prestigieuse course aéronautique, où il va se frotter aux meilleurs avions du monde.

Souvenirs de pilote

«J'ai toujours aimé les histoires d'outsider, le petit gars un peu sous-estimé capable de s'élever au-dessus de la mêlée», déclare M. Hall. «J'aime aussi l'idée qu'il a été fabriqué pour un certain usage mais qu'il sent au fond de lui qu'il pourrait être quelqu'un d'autre», dit-il.

Le film a eu son lot de difficultés techniques, notamment rendre réaliste, par ordinateur, le vol d'un avion, l'accélération du décollage et le ralentissement de l'atterrissage. «Il nous a fallu au moins six mois pour trouver la solution» avec l'aide d'une armée de pilotes et d'experts, affirme le cinéaste.

Klay Hall a également pu compter sur son expérience personnelle de pilote et sur les souvenirs de son père, pilote dans la Navy.

Une autre difficulté a été d'«humaniser» les avions, comme l'avait si bien réussi Pixar dans Cars.

«Les voitures ont un grand pare-brise pour les yeux, une grande calandre pour la bouche. Mais nous, on a des ailes (encombrantes), des tout petits pare-brise, une bouche (à créer) sous l'avion. Et puis on a les hélices, tout le temps dans le champ de la caméra», explique M. Hall.

La dernière fois que Disney avait donné vie à un avion, c'était en 1942, dans le segment Pedro du film à sketches Saludos Amigos.

«L'avion pouvait se courber, se servait de ses ailes comme de bras, c'était très cartoonesque, charmant à sa manière, mais nous ne voulions pas faire cela», dit-il, préférant opter pour davantage de réalisme.

Comme Dusty, Klay Hall a dû faire preuve de patience et de persévérance pour trouver l'allure de ses avions animés. Mais il a été à bonne école.

Entré chez Disney alors que les légendaires «Neuf vieux messieurs» du studio - les pères fondateurs de Disney - étaient encore aux manettes, il a retenu la leçon.

«J'allais parfois les voir avec un dessin pour leur demander leur avis. Ils me demandaient: «Tu l'as fais combien de fois?» Je répondais: «Trois ou quatre»». La réponse était toujours la même: «Refais-le encore une vingtaine de fois et reviens nous voir».