En première partie du film Sarah préfère la course de Chloé Robichaud, certains cinémas présentent le court métrage Les vestiges. Il s'agit de la première réalisation de la comédienne Sarianne Cormier.

Sarianne Cormier, qu'on a entre autres vue dans le film L'affaire Dumont, signe une oeuvre de 14 minutes consacrée aux rapports que développent Alice (Émilie Leblanc) et Benoit (Blaise Tardif) à la suite du décès de Marie, mère et conjointe.

Émouvante, cette oeuvre campée dans une Gaspésie loin des paysages de cartes postales invite le spectateur à réfléchir sur le rapport que l'on peut avoir avec des objets ayant appartenu à des personnes décédées. Nous en avons discuté avec la réalisatrice.

Q Qu'est-ce qui a nourri cette histoire?

R L'imaginaire et la «gastronomie» de mon père, la garde-robe de ma mère, le petit quai de Newport, le quatre-roues de mon grand-père qui n'a jamais eu de permis de conduire, la pêche à la morue et la mer.

Q On ressent beaucoup de solitude dans le film. Est-ce un sentiment important dans un deuil?

R Personnellement, j'aime être bien entourée dans ce genre de circonstances. Dans le film, je ne crois pas que la solitude vient du deuil. Je pense que les personnages sont comme ça, de grands solitaires.

Q Le rapport aux objets de la mère décédée est central dans le film. Parlez-nous de cette question du détachement...

R J'aime profondément les objets. En fait, j'aime que l'humain transfère ses émotions à de la matière. Je trouve ça fascinant!

Q Qu'est-ce que la mort pour vous?

R La mort, c'est la finalité de la vie. Je suis assez rationnelle sur le sujet. Je crois que la souffrance et la maladie sont bien pires que cette finalité. En fait, je crois que mon film porte plus sur la vie que sur la mort. Il porte sur un dialogue nouveau qu'un père doit inculquer à sa fille et vice versa.

Q Qui est Émilie Leblanc, jeune comédienne très talentueuse?

R Émilie est une jeune fille de Grande-Rivière, en Gaspésie. À notre première rencontre, j'ai été touchée par sa grande sensibilité, sa générosité et la capacité qu'elle a de se plonger dans l'imaginaire d'un autre. Son rôle dans Les vestiges est sa première expérience au cinéma.

Q Votre prochain court-métrage sera une adaptation d'un conte de Hans Christian Andersen. Pouvez-vous nous en parler?

R Je suis tombée en amour avec l'oeuvre d'Hans Christian Andersen lorsque j'ai su qu'enfant, il avait été renvoyé de l'école publique, car il avait dessiné un «drôle de château». J'aime son imaginaire débridé et unique et je suis certaine qu'il avait dessiné un très beau château. Quant à mon projet de film, il se nomme, pour l'instant, La volupté. C'est une transposition du conte La petite fille aux allumettes dans le Montréal des années 40. Il y aura des marionnettes, des humains et beaucoup de neige.

On peut voir Les vestiges dans les cinémas suivants: Excentris et Beaubien (Montréal), Le Clap (Québec) et La maison du cinéma (Sherbrooke).