Après le célèbre producteur Harvey Weinstein, c'est un autre grand nom du cinéma américain, le réalisateur Steven Spielberg, président du jury du Festival de Cannes, qui a chanté dimanche soir les louanges de l'exception culturelle française.

«L'exception culturelle est le meilleur moyen de préserver la diversité du cinéma», a lancé l'auteur de E.T. en ouvrant la cérémonie de remise des palmes, l'un des moments les plus médiatisés du festival.

Ce compliment formulé par l'un des rois de Hollywood, temple du libéralisme et de la concurrence, avait déjà été lancé durant le festival par un autre nabab de la Mecque du cinéma, le producteur américain Harvey Weinstein.

Celui qui a notamment distribué The Artist aux États-Unis avait tressé des lauriers au système français, lors d'une conférence sur le sujet organisée par le Centre national du cinéma (CNC).

«L'exception culturelle encourage les réalisateurs à faire des films sur leur propre culture. Nous en avons besoin plus que jamais», avait-il affirmé.

«Le plus important est de préserver l'environnement culturel des films, parce que c'est bon pour les affaires aussi», avait-il souligné.

Le sujet est d'actualité parce que les États-Unis et l'Union européenne veulent négocier un accord de libre-échange et que la France mène le combat pour en exclure le secteur audiovisuel, afin que la création puisse continuer de bénéficier de différentes aides publiques.

Paris s'oppose à ce que l'audiovisuel figure dans les négociations au nom du respect du principe de «l'exception culturelle», qui consiste à faire de la culture une exception dans les accords internationaux, et à permettre aux États de limiter le libre-échange dans ce secteur pour soutenir et promouvoir leurs oeuvres.

La ministre française de la Culture, Aurélie Filippetti, n'a pu que savourer le compliment de Steven Spielberg.

«La présence forte du cinéma français d'abord en compétition puis au palmarès du plus prestigieux festival au monde, ainsi que l'ouverture de son système d'aides aux autres cinématographies internationales, souligne combien le combat que mène la France (...) en faveur de la préservation de l'exception culturelle est essentiel», a-t-elle lancé dans un communiqué.

Même le cinéma mexicain

«Merci Steven Spielberg!», se félicitait aussi la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), rappelant que les cinéastes européens avaient lancé une pétition pour sauver l'exception culturelle.

Le Centre national du cinéma (CNC), un établissement public français, n'a pas manqué non plus de souligner à quel point la sélection, et les lauréats, du festival, étaient redevables au système de l'exception culturelle.

Cela commence avec les cinéastes français, abondamment représentés, comme Valéria Bruni-Tedeschi, Guillaume Canet, Claire Denis, Arnaud Desplechin, Alain Guiraudie, Abdellatif Kechiche, Claude Lanzmann, François Ozon, Arnaud Des Pallières, Roman Polanski..., souligne le président du CNC Éric Garandeau.

Mais cela concerne aussi les cinéastes étrangers «produits ou coproduits avec la France, en particulier les Frères Coen, Amat Escalante, Asghar Farhadi, Valeria Golino, James Gray, Rithy Panh, Lucia Puenzo, Mahamat Saleh Haroun, Hiner Saleem, Paolo Sorrentino».

L'oeuvre ayant raflé la palme d'or, La vie d'Adèle - Chapitre 1 & 2, d'Abdellatif Kechiche, «a été soutenue par le CNC au titre des aides automatiques et sélectives en partenariat avec le fonds Eurimages et la région Nord Pas-de-Calais», relève le CNC.

De même, Le Passé du cinéaste iranien Asghar Farhadi, pour lequel Bérénice Bejo a obtenu la palme de l'interprétation féminine, a été «tourné en France, en français, par un producteur français avec le soutien du CNC via les aides automatiques, l'avance sur recettes, et le partenariat avec le fonds Eurimages et la région Île-de-France», ajoute-t-il.

Même Heli, du cinéaste mexicain Amat Escalante, a été coproduit avec la France, avec le soutien du Fonds Sud du CNC.