Si An Unexpected Journey s'intitule, en français, Un voyage inattendu, le périple menant de sa conception à sa concrétisation a, de son côté, été un voyage très mouvementé. En voici quelques étapes.

1994

Harvey Weinstein de Miramax approche Peter Jackson, avec qui il voudrait travailler. Jackson lui parle de son désir d'adapter The Hobbit, puis

The Lord of the Rings de Tolkien. En raison d'un problème de droits, c'est la trilogie The Lord of the Rings qui, après bien des pourparlers et des années, sera mise en chantier et connaîtra, au début du millénaire, le succès que l'on sait. Suivront (malgré tout!) problèmes et conflits entre les différentes parties en place, entre autres une mésentente financière entre le studio New Line et Peter Jackson. Autant d'éléments qui retardent l'adaptation de The Hobbit.

Décembre 2007

Après une entente (à l'amiable?) et malgré les tensions entre New Line (qui fait maintenant partie de Time Warner) et Jackson, il est annoncé que ce dernier et ses partenaires de The Lord of the Rings, Fran Walsh et Philippa Boyens, agiront comme producteurs délégués et scénaristes de l'adaptation en deux temps de The Hobbit, qui prendrait l'affiche en 2011 et 2012.

Avril 2008

Guillermo del Toro, qui avait pourtant autrefois évoqué son dégoût pour les hobbits (seuls les sots ne changent pas d'idée), prend les rênes du projet à titre de réalisateur, avec l'intention d'y consacrer quatre années. Il s'installe en Nouvelle-Zélande, crée des designs, participe à l'écriture du scénario et fait du repérage de lieux de tournage.

Mai - juin 2010

De nouveaux problèmes liés à la restructuration des différentes sociétés impliquées mettent du sable dans l'engrenage et, le 30 mai 2010, Guillermo del Toro annonce qu'il quitte le navire. Il y a rumeur de mésentente entre Peter Jackson et lui, mais del Toro assure qu'il a pris là «la décision la plus difficile de sa carrière», et dit espérer que Jackson et ses troupes reprendront la barre du projet.

Le 25 juin 2010, Peter Jackson accepte officiellement de s'installer dans le fauteuil de réalisateur. Il a longtemps hésité, terrifié, a-t-il dit, à l'idée d'avoir une distribution comptant en son coeur une troupe de 13 personnages (les 13 nains qu'accompagnent Bilbo et Gandalf). Il assure à présent que ce fut l'un des grands bonheurs de cette aventure.

Automne 2010

Le syndicat des acteurs néo-zélandais appelle au boycottage du projet, car les revendications concernant le salaire minimum des comédiens sur le plateau n'ont pas été prises en considération. Le gouvernement néo-zélandais intervient, le conflit se règle. Mais le tournage, affirme aujourd'hui Peter Jackson, est passé à un cheveu de se faire en Angleterre et en Écosse.

Tous ces délais font que Martin Freeman, l'acteur britannique connu pour son rôle dans la version originale de The Office, et que Jackson envisage d'engager pour incarner Bilbo, ne sera pas libre pour le tournage, occupé par celui de la série Sherlock. Le réalisateur passe d'autres comédiens en audition, n'est pas satisfait, prend contact avec l'agent de Freeman et voit avec lui s'il est possible d'agencer les deux horaires. Ils y parviendront.

Mars 2011

Le 21 mars 2011, le tournage débute enfin. Il durera quelque 250 jours.

Avril 2012

En avril 2012, Peter Jackson présente 10 minutes de pellicule à CinemaCon, offrant aux participants de la convention un premier aperçu de son travail en 48 images/seconde et 3D. La réaction est mitigée.

Juillet 2012

Le 30 juillet, Peter Jackson annonce que The Hobbit se déclinera finalement en trois parties.

Novembre 2012

À la mi-novembre, l'organisation de défense des animaux PETA demande aux autorités néo-zélandaises d'enquêter sur le traitement subi par les animaux pendant la production du film. Au moins 27 bêtes seraient mortes à la ferme dans laquelle elles étaient cantonnées, qui aurait été en très mauvais état. La production a admis que des animaux ont péri, mais de causes naturelles et non dans des accidents ou des suites de mauvais traitements.

À peu près en même temps, les ayants droit de J.R.R. Tolkien et la maison d'édition Harper Collins déposent une poursuite de 80 millions contre Warner Bros, sa filiale New Line et Saul Zaentz Co. (titulaire des droits d'exploitation de The Lord of the Rings et du Hobbit à l'écran), les accusant «d'avoir usurpé des droits qui ne leur sont pas dévolus», en commercialisant en ligne des jeux représentant les personnages de The Lord of the Rings et de The Hobbit.

Le 28 novembre, contre vents et marées (à l'image de la quête de Bilbo), The Hobbit: An Unexpected Journey est présenté en première mondiale à Wellington, en Nouvelle-Zélande. Le film prend l'affiche vendredi en Amérique du Nord. Parions que cette partie de l'épopée se fera sous de meilleurs vents.

(Avec The Hollywood Reporter, Variety, Collider.com, TheOneRing.net, AP)